entete Université Laval

DISCOURS DE LA RENTRÉE PRONONCÉ PAR LE RECTEUR, M. FRANÇOIS TAVENAS, DEVANT LES MEMBRES DU CONSEIL UNIVERSITAIRE DE L'UNIVERSITÉ LAVAL, LE MARDI 7 SEPTEMBRE 1999, À LA SALLE DU CONSEIL, PAVILLON LOUIS-JACQUES-CASAULT

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil universitaire,

Comme le veut la tradition, le discours de la rentrée est l'occasion de faire le bilan des réalisations de l'année et de présenter les priorités d'action pour les prochains mois. Cette année, la partie "Bilan" sera plus brève qu'à l'accoutumée afin de développer davantage les priorités de la direction de l'Université pour l'année 1999-2000. Un bilan exhaustif de l'année écoulée sera par ailleurs présenté à l'occasion de la prochaine assemblée générale en novembre.

Lorsqu'on fait un retour sur l'année 1998-1999, on y trouve des motifs d'encouragement, mais aussi des objets d'inquiétude et des remises en question. Ce discours fera ressortir les uns et les autres dans le but de donner une image exacte de la situation de l'Université Laval.

BILAN DE L'ANNÉE 1998-1999

La création de la Commission d'orientation en 1997 était le résultat d'une prise de conscience des difficultés qui s'annonçaient et des changements profonds qui s'imposaient dans notre culture organisationnelle pour les surmonter. Les recommandations de ce groupe de travail ont encore cette année inspiré nos actions. Comme vous le verrez, les grandes opérations qui ont caractérisé l'année 1998-1999 avaient pour buts ultimes le décloisonnement et l'internationalisation de nos programmes ainsi que la décentralisation de la gestion pour assurer une formation plus globale et une meilleure utilisation de nos ressources tant humaines que matérielles.

Voyons d'abord quelques données statistiques qui montrent que, malgré le contexte budgétaire préoccupant, l'Université Laval a continué de progresser.

À l'automne de 1998, la population étudiante aux trois cycles s'est accrue de 1% par rapport à l'automne de 1997. Les effectifs se chiffraient à 22 720 étudiants à temps plein et 13 352 à temps partiel, soit plus de 36 000 étudiants au total. La proportion de femmes se situait à 58%. Les étudiants canadiens non québécois représentaient 2,6% de la population totale et les étudiants étrangers, 4,8%. Je reviendrai tout à l'heure sur cette dernière donnée.

On a constaté une légère augmentation de 1% des étudiants admis au baccalauréat. À la maîtrise, l'augmentation se chiffrait à 2%. Au doctorat, la légère hausse de 1% de l'année précédente s'est malheureusement transformée en une baisse de 4%. C'est donc à ce chapitre que devront porter nos efforts de recrutement au cours des prochains mois.

Enfin, je me dois de souligner la progression des activités de formation continue créditée. À l'automne de 1998, on constatait une hausse de 8% des inscriptions par rapport à l'automne de 1997. Encore cette année, c'est le programme de certificat en planification financière personnelle qui a connu le plus de succès. Il faut mentionner aussi le certificat en leadership du changement qui a permis de faire des percées intéressantes dans les régions de Richelieu-Yamaska, Abitibi et Centre du Québec.

Au printemps de 1999, nous avons décerné plus de 7000 diplômes répartis comme suit : 5300 au premier cycle, 1500 au deuxième cycle et 245 au troisième cycle. Le taux de diplomation à l'Université Laval reste parmi les plus élevés du réseau universitaire québécois : 73,8% des étudiants au baccalauréat obtiennent leur diplôme et prennent en moyenne trois années et demie pour terminer leurs études.

Les études

Au cours de l'année qui vient de s'écouler, vous avez sans doute entendu prononcer des dizaines de fois les mots "allégement de la gestion des études" et "internationalisation", et pour cause. Ce sont là deux opérations de grande envergure qui donneront à notre université un autre visage, et vous devez vous attendre à les entendre encore beaucoup dans l'année qui s'amorce. On dit souvent que l'Université Laval est une grande université de recherche, mais elle doit aussi être reconnue comme une grande université de formation.

Dans la foulée des discussions de la Commission d'orientation et, plus particulièrement de sa 43e recommandation ("Que l'Université simplifie ses règlements et en diminue le nombre"), des groupes de travail ont été constitués pour examiner la façon d'alléger la réglementation et la gestion des études à l'Université Laval pour tous les cycles et tous les régimes d'études. La Commission des études a repris les documents de base produits par ces groupes et a mené une vaste consultation auprès de la communauté universitaire. Je veux souligner ici le travail remarquable de cette Commission et, en particulier, de la présidente sortante, Mme Silvia Faitelson-Weiser, qui a mené de main de maître ce processus essentiel à l'évolution de notre université. Les travaux et réflexions de la Commission ainsi que les commentaires et résultats recueillis au cours de la consultation ont servi à élaborer cinq rapports, à savoir la reconfiguration des programmes de baccalauréat, les programmes courts, le cheminement de l'étudiant de l'admission à la diplomation, les activités de formation et les structures de gestion des programmes et d'encadrement des étudiants. En s'acquittant de ces mandats, la Commission des études a contribué de façon importante à la redéfinition des normes universitaires et à la coordination de l'enseignement universitaire dans son ensemble.

Toujours selon le principe d'allégement de la gestion des études, un sixième rapport portant sur les programmes de deuxième et de troisième cycle a été piloté par la Faculté des études supérieures, qui a aussi apporté sa collaboration à la Commission des études dans le dossier du cheminement de l'étudiant.

Je ne m'attarderai pas sur le contenu des six rapports. Vous en avez sans doute pris connaissance. À titre d'illustration, je dirai simplement que, par la flexibilité qu'elle accorde, la reconfiguration des programmes de baccalauréat nous permettra d'insérer dans nos programmes plus d'éléments de formation personnelle et de concrétiser notre politique d'internationalisation de la formation.

Deux autres mesures sont venues appuyer cette dernière orientation : la création du Bureau international, inauguré le 18 mars dernier, et l'adoption de son plan d'action, puis la mise sur pied d'un Fonds de mobilité étudiante amorcé par un don important de la société Chrysler et des amis d'Yves Landry.

Sur le plan pédagogique, je voudrais mentionner deux nouveautés: la création d'un Institut d'études anciennes regroupant les chercheurs de trois facultés et d'une École de comptabilité regroupant les ressources affectées aux aspects professionnels de cette discipline.

Comme à chaque année, de nouveaux programmes ont vu le jour. Sans les énumérer, je voudrais signaler que plusieurs d'entre eux sont le fruit d'une entente entre deux établissements, soit l'Université Laval et un collège, ou encore une autre université. Ce resserrement des liens entre établissements est à encourager pour que notre université continue de jouer un rôle prépondérant dans l'enseignement supérieur pour tout l'est du Québec.

Un mot pour clore la section sur les études. En dépit d'une situation financière difficile, l'Université Laval a maintenu l'enveloppe budgétaire du programme des applications pédagogiques des technologies de l'information (APTI) à 500 000 $ et mené des études de potentiel commercial des projets. De plus, on a regroupé au Réseau de valorisation de l'enseignement l'équipe des APTI qui était auparavant au Centre de production multimédia.

La recherche

Au chapitre de la recherche, nous pouvons à bon droit nous réjouir des réalisations de nos chercheurs et de notre université. Pour l'année 1998-1999, les revenus totaux des subventions et contrats de recherche se chiffrent à environ 120 M $. Les résultats de nos chercheurs aux programmes de la Fondation canadienne pour l'innovation sont des plus encourageants : ils recevront au total plus de 20 M $. Ces résultats placent l'Université Laval au cinquième rang des universités canadiennes et au second rang au Québec.

Le dernier budget fédéral a été favorable pour la recherche. L'augmentation des budgets des réseaux de centres d'excellence a permis à l'Université Laval d'obtenir des fonds pour la direction de deux réseaux de centres d'excellence canadiens : l'Institut canadien pour les innovations en photonique et le réseau GEOIDE en géomatique. Les chercheurs de l'Université Laval sont par ailleurs membres de neuf autres réseaux, ce qui range notre université parmi les premières au Canada pour la participation à ce programme.

L'Université Laval a aussi reçu une subvention institutionnelle spéciale de 225 000 $ du CRSH à l'intention des jeunes chercheurs.

Au programme FCAR-Centre, les trois demandes de nouveaux centres ont toutes été acceptées; il s'agit du Centre de recherche en horticulture, du Centre de recherche sur le métabolisme énergétique et du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante. Le Centre d'études interdisciplinaires sur les lettres, les arts et les traditions des francophones en Amérique du Nord et le Centre de recherche en biologie forestière ont vu leur subvention renouvelée. Cette performance situe Laval au premier rang au Québec dans ce programme.

Par ailleurs, le règlement sur la propriété intellectuelle a été entériné par le Conseil universitaire et le Conseil d'administration. Les comités d'éthique de la recherche ont été restructurés pour répondre aux exigences des nouvelles politiques adoptées par les organismes subventionnaires.

Le développement

Dans le secteur du développement, la campagne Défi s'est terminée avec succès, puisque les fonds recueillis ont dépassé largement l'objectif fixé à 60 M $. Plus de la moitié de ces dons a servi à créer des fonds et chaires d'enseignement et de recherche.

L'année 1998-1999 aura été féconde pour la création de fonds : plus de 15 ont été mis sur pied par des entreprises ou des particuliers. Les étudiants des facultés des sciences de l'éducation, des sciences sociales et de l'Institut québécois des hautes études internationales ont lancé leur fonds d'investissement. La mise sur pied du Fonds de mobilité étudiante va bon train, puisque près de 2,5 M $ ont déjà été recueillis sur un objectif de 10 M $.

Le Service de placement a poursuivi ses activités et les a même accrues de façon sensible. Parmi les réalisations importantes de ce service qui n'a pas d'égal à l'échelle canadienne, notons la prise en charge par le Service de la coordination des stages et de la formation pratique dans plusieurs programmes. En décembre 1998, le Service de placement a déposé une requête pour constituer une société sans but lucratif - Action-Emploi Université Laval Inc. - ayant pour mandat de développer, structurer et gérer des projets de placement dont le financement serait assuré par des fonds externes. À sa séance du 17 février dernier, le Conseil d'administration a ratifié la création de cette société. Le premier projet qui sera lancé au cours de l'année 1999-2000 est une entreprise d'entraînement virtuelle.

Les facultés ont élaboré des plans de recrutement d'étudiants et déterminé les capacités d'accueil dans chaque programme. Le Vice-rectorat au développement a mené plusieurs opérations de recrutement au cours de la dernière année et la réponse aux demandes d'admission s'est accélérée.

La gestion

Sur le plan de la gestion, les problèmes associés à la mise en marche du nouveau système financier nous ont créé des difficultés considérables, compliquant la vie de tous les gestionnaires, des usagers et de nombreux chercheurs. La situation est maintenant stabilisée, mais il nous reste encore beaucoup à faire pour disposer d'un système flexible et performant qui réponde à nos attentes. L'implantation des logiciels administratifs de gestion des ressources humaines et de gestion des études a été reportée après vérification que les systèmes actuels passaient l'an 2000.

Dans le cadre des mesures de rétablissement de la situation financière, trois services ont été touchés : le Service des approvisionnements a été aboli et les fonctions qu'il remplissait réparties au Service des finances et au Service de reprographie, CMS et stocks.

Le Centre de production multimédia a lui aussi été aboli et l'Université a cessé de financer le Centre muséographique, ce qui a entraîné la fermeture temporaire de l'unité.

On a également fixé la composition et le mandat du Comité de coordination des technologies de l'information dont le rôle principal est de définir les priorités de développement des systèmes d'information et les stratégies d'attribution des ressources dans ce secteur.

Enfin, un nouveau processus budgétaire a été mis en place, qui donne aux doyens et directeurs de service la pleine maîtrise du budget de leur unité et donc les moyens d'une gestion décentralisée et responsable. Dans cette opération, le vice-recteur à l'administration et aux finances a éliminé le concept d'"Annexe A" qu'il a remplacé par un système d'enveloppes budgétaires destinées à appuyer certains objectifs stratégiques de l'Université, par exemple le décloisonnement.

Dans le cadre du resserrement de la gestion des études de deuxième et de troisième cycle et pour réduire la durée des études et accroître le taux de diplomation, le Conseil d'administration a abrogé les dispositions relatives au régime forfaitaire des étudiants aux cycles supérieurs et convenu de consacrer une partie des revenus à des bourses d'admission et de diplomation.

Du côté des ressources humaines, le Conseil d'administration a entériné les améliorations à la procédure de nomination des doyens. Par ailleurs, les négociations avec le SEUL, l'APAPUL ont permis des progrès notables sur les questions de l'organisation du travail et de l'utilisation des surplus actuariels. Les négociations avec le SPUL n'ont pu être amorcées, le syndicat ayant choisi d'attendre l'échéance de la convention collective le 30 novembre prochain.

Au cours de la dernière année, le vice-recteur aux ressources humaines a entrepris d'élargir les programmes existants de manière à ce que les professeurs administrateurs reçoivent une formation adaptée dès leur entrée en fonction, assurant ainsi une meilleure transition d'une administration à l'autre.

Je ne saurais conclure ce bilan sans faire état du développement immobilier de notre campus. Nous avons inauguré en octobre dernier le nouveau pavillon Adrien-Pouliot agrandi et rénové et les travaux d'agrandissement, de rénovation et de réaménagement du pavillon Palasis-Prince, commencés l'automne dernier, sont presque terminés. Le nouveau pavillon permettra d'accroître notre capacité d'accueil et de mettre en place des infrastructures de pointe pour intégrer les technologies de l'information et des communications dans l'enseignement et la recherche en sciences de l'administration.

CONTEXTE

L'année 1998-1999 a été une année difficile à bien des égards. Au 31 mai 1999, le déficit accumulé atteignait 82 M $, malgré une subvention ponctuelle de 29 M $ au titre de la réduction de la dette. Le Conseil d'administration, en adoptant un budget prévoyant un déficit de 26,8 M $ pour 1999-2000, a demandé de réexaminer le budget le 1er novembre prochain. Cette situation budgétaire ne va pas sans soulever des inquiétudes quant aux conséquences futures pour l'enseignement et la recherche, en particulier quant à la capacité d'attraction de l'Université tant pour les professeurs que pour les étudiants.

Le budget provincial de mars 1999 a été moins favorable qu'on ne s'y attendait pour le secteur de l'enseignement supérieur. Les 170 M $ injectés ponctuellement ne représentaient pas la moitié des déficits accumulés par le réseau universitaire au 31 mai 1999, alors que ceux du réseau hospitalier ont été entièrement absorbés. De ce fait, la position concurrentielle des universités québécoises a continué de se détériorer sur les scènes canadienne et américaine. Au cours des quatre dernières années, c'est dans l'éducation que l'on observe la plus grande différence dans l'évolution des dépenses budgétaires entre le Québec et l'Ontario : le Québec y a consacré 9,5% de moins et l'Ontario 20,7% de plus.

Le budget du Québec ayant atteint le déficit zéro, il est permis d'espérer la fin des compressions budgétaires et le début d'un réinvestissement en santé et en éducation. Le ministre de l'Éducation a fait savoir qu'il souhaitait amener les universités à définir, d'ici la fin de l'automne, un projet de société mobilisateur. Il s'agit là d'un exercice ambitieux avec un échéancier extrêmement serré.

Parallèlement aux demandes de refinancement, l'Université doit tout de même régler rapidement son déficit structurel par des mesures internes, si elle veut pouvoir profiter d'un éventuel réinvestissement dans les universités.

PRIORITÉS POUR L'ANNÉE 1999-2000

Les recommandations de la Commission d'orientation ont inspiré nos actions en 1998-1999 et elles continueront de servir de toile de fond dans l'établissement de nos priorités pour 1999-2000 et pour les prochaines années.

Qualité et pertinence de la formation

À la suite des travaux de la Commission des études sur l'allégement de la gestion des études, il nous faut maintenant mettre en œuvre les recommandations des six rapports mentionnés dans la section "Bilan". La responsabilité en incombera au premier chef au vice-recteur aux affaires académiques et étudiantes, qui veillera en premier lieu à la rédaction des nouveaux textes réglementaires.

Les facultés devront se doter d'un échéancier visant à reconfigurer leurs programmes de baccalauréat selon les nouvelles règles de composition, à réviser les programmes de mineures et à mettre sur pied de nouveaux programmes de baccalauréat intégré. Il faudra aussi revoir et simplifier le Guide d'élaboration des programmes afin de l'adapter à la nouvelle situation.

L'une de nos priorités sera aussi de renforcer les rapports avec les établissements d'enseignement de niveau collégial pour assurer une relation de continuité et de progression entre les programmes des collèges et ceux de premier cycle de l'Université. Cette responsabilité incombera au directeur général des programmes de premier cycle. Un groupe de travail collèges-université sera formé à cette fin. Le groupe se penchera aussi sur les rôles respectifs en matière de formation continue et l'utilisation optimale des ressources régionales en enseignement supérieur.

Par ailleurs, on poursuivra la rationalisation de l'offre de cours et le décloisonnement des programmes dans la perspective d'une meilleure collaboration intra et interfacultaire. Déjà, quelques facultés ont mis en œuvre ces deux principes avec des résultats percutants.

Nous entreprendrons la réorganisation de la Direction générale de la formation continue pour qu'elle puisse axer ses efforts sur sa mission première : l'appui aux facultés dans l'élaboration et la réalisation des activités de formation continue en réponse aux besoins du milieu et l'offre de formations sur mesure en partenariat avec des entreprises et des établissements d'enseignement en région. Son action sera concentrée sur les cours hors campus, l'enseignement à distance et les activités ponctuelles de formation, laissant les études libres et les cours compensateurs à la Direction générale du premier cycle.

Ensuite, il y aura lieu d'adapter nos processus budgétaires pour que soient comptabilisées les activités de formation continue dans la tâche professorale et qu'on en tienne mieux compte dans les critères de promotion ainsi que dans les attributions budgétaires aux facultés et départements.

Le soutien à l'innovation pédagogique et l'utilisation des technologies de l'information dans l'enseignement - et donc la formation des enseignants en ce sens - continueront de recevoir une attention particulière. Désormais rattaché à la Direction générale des programmes de premier cycle, avec de nouveaux effectifs issus de l'ancien Centre de production multimédia, le Réseau de valorisation de l'enseignement aura un rôle important à jouer dans ce domaine. On verra aussi de quelle façon l'ensemble des services qu'offre l'Université et un meilleur encadrement permettent d'améliorer la rétention et le taux de diplomation.

Internationalisation

La reconfiguration des programmes de baccalauréat a été axée sur l'ouverture et le décloisonnement. Ces nouvelles règles arrivent à point nommé, car elles vont nous donner toute la latitude nécessaire pour insuffler à de nombreux programmes un profil international, conformément à la recommandation 25 de la Commission d'orientation :

Que le caractère international de l'Université Laval et de ses programmes soit accentué et devienne l'une de ses lignes de force.

Un autre élément est venu en juin dernier appuyer ce projet de profil international qui, je l'espère, deviendra notre marque distinctive. L'Université Laval a en effet présenté un projet à la Fondation McConnell qui lui a accordé une subvention de 1,5 M $. Dans la conjoncture financière du monde universitaire, ce soutien nous offre les moyens de nos ambitions internationales et crée les conditions nécessaires à la réussite de notre stratégie d'internationalisation et à la mobilisation des professeurs et des étudiants. Le projet repose sur un budget, un échéancier et des mécanismes d'évaluation qui vont nous permettre de réduire de manière substantielle la période de création des profils internationaux et de pouvoir le faire sur des bases solides, en y attirant, dès le début, un nombre suffisant d'étudiants.

Voici en quelques mots comment nous entendons réaliser cette stratégie d'internationalisation.

En premier lieu, nous souhaitons intégrer le profil international dans une quinzaine de programmes cette année. Nous pourrons ainsi offrir à nos étudiants un cheminement pédagogique structuré comportant un séjour d'un trimestre ou d'une année dans l'une ou l'autre des universités partenaires choisies. Deuxièmement, nous poursuivrons la constitution du Fonds de mobilité étudiante qui nous donnera la possibilité de prendre la relève de la subvention J.W. McConnell à l'expiration de celle-ci dans quatre ans, pour assurer dès cette année et pour l'avenir des bourses de mobilité à nos étudiants inscrits dans les profils internationaux.

Ce projet aura des retombées positives non seulement sur l'Université Laval et ses étudiants, mais aussi sur toute la région. Il produira en effet à court terme des compétences à offrir aux entreprises et organismes actifs sur la scène mondiale.

L'obtention de la subvention McConnell et l'annonce de la mise en place de notre profil international seront annoncées dans les médias sous peu.

Le recrutement aux deuxième et troisième cycles

Toute hausse des effectifs étudiants améliore la position concurrentielle de l'Université et permet de soutenir son développement.

Dans la stratégie d'internationalisation, il faut inclure également l'accueil d'un plus fort contingent d'étudiants étrangers. Leur présence est en effet un facteur important d'enrichissement de nos programmes, ces étudiants apportant d'autres cultures, d'autres formations, d'autres expériences. De plus, les étudiants étrangers procurent des bénéfices nombreux et divers à la région qui les accueille. Québec ne fait pas exception: leur présence contribue à l'activité économique de la région. Ils attirent souvent des visiteurs, amis ou membres de leur famille. Ils constituent, une fois retournés dans leur pays d'origine, des ambassadeurs et des partenaires dans le développement des relations économiques et culturelles. Notre but est de porter leur proportion à 10% de la population étudiante globale. Comment y arriverons-nous? Pour l'essentiel, par des actions de recrutement concertées dans les pays de la Francophonie, mais aussi en Amérique latine et en Europe de l'Est. De plus, nous persisterons à demander l'assouplissement des règles d'immigration et l'exemption des droits de scolarité majorés. Le rôle de l'Association des diplômés de l'Université Laval dans le recrutement à l'étranger sera également accentué.

Toujours dans le but d'accroître le nombre d'étudiants aux cycles supérieurs, une autre priorité cette année sera de mettre en place les modalités de passage accéléré au doctorat pour les étudiants qui ont satisfait aux objectifs de la maîtrise. Le règlement actuel des études des deuxième et troisième cycles prévoit des dispositions pour permettre le passage accéléré de la maîtrise au doctorat. Cependant, on a encore trop peu recours à cette pratique pourtant de plus en plus conforme à la norme nord-américaine. Les nouvelles dispositions font d'ailleurs l'objet d'un point à l'ordre du jour de la présente séance.

Pour accroître le nombre d'étudiants aux cycles supérieurs, il faut augmenter la capacité d'accueil des programmes et réduire la durée des études. L'adoption de nouvelles dispositions relatives au régime forfaitaire, dont il a été question dans le bilan, devrait inciter les étudiants à terminer leurs études plus rapidement et, ainsi, à permettre l'encadrement de nouveaux étudiants. Pour aider les étudiants à progresser plus rapidement dans leurs études, nous examinerons au cours des prochaines semaines les modalités à instaurer pour utiliser de façon optimale 25% des revenus produits par la hausse des droits de scolarité du régime forfaitaire et que le Conseil d'administration a convenu de consacrer à des bourses d'admission et de diplomation de deuxième et de troisième cycle. De plus, grâce à un apport financier substantiel du ministère de l'Éducation, le programme Études-travail est maintenant accessible aux étudiants des deuxième et troisième cycles et la durée de l'emploi est prolongée. Près de 1000 étudiantes et étudiants des trois cycles pourront ainsi obtenir un travail sur le campus. Il s'agit là d'un geste concret de l'Université Laval pour améliorer les conditions de vie de ses étudiants les plus démunis et pour favoriser l'obtention de leur diplôme dans les délais prescrits.

Autre élément à considérer : le financement des études supérieures par le ministère de l'Éducation. Actuellement, le ministère finance un étudiant à la maîtrise pendant quatre trimestres et un étudiant au doctorat pendant huit trimestres. Or, ces périodes ne correspondent pas à la durée des études chez la plupart des étudiants. Nous avons donc l'intention, dans notre mémoire au MEQ dont je parlerai dans un instant, de proposer d'augmenter de un trimestre le financement des étudiants à la maîtrise et de deux trimestres celui des étudiants au doctorat.

L'augmentation du nombre d'étudiants à la maîtrise et au doctorat passe aussi par la structuration de la recherche. Il est reconnu que les étudiants intégrés à un groupe de chercheurs ont plus de chance de terminer leurs études et de les terminer rapidement. C'est en ce sens que l'une des priorités du Vice-rectorat à la recherche sera la création de chaires de recherche dont une vingtaine sont actuellement en gestation. Du côté des sciences humaines, nous poursuivrons nos efforts en vue de créer des regroupements de chercheurs autour de thématiques telles que le patrimoine et les études autochtones. La création récente de l'Institut d'études anciennes nous donne un bon exemple d'un mode de fonctionnement fécond. Les étudiants des cycles supérieurs en sciences humaines devraient profiter de ces rassemblements de compétences.

La décentralisation

Avec l'amélioration de la qualité et de la pertinence des études, l'internationalisation et le recrutement aux deuxième et troisième cycles, la grande priorité des prochains mois sera de faire progresser le processus de décentralisation.

Déjà, les facultés et services ont l'entière responsabilité de gestion d'un budget global. Nous poursuivrons nos consultations sur la mise au point des indicateurs de performance qui guideront l'évolution des budgets attribués aux unités au cours des prochaines années. Ces indicateurs seront conçus pour respecter la diversité des unités tout en prenant en compte leurs besoins et leurs performances et en favorisant l'imputabilité des gestionnaires.

La décentralisation de la gestion des ressources soulève des problèmes complexes auxquels nous entendons prêter toute l'attention nécessaire. Au cours de la prochaine année, nous allons poursuivre tout particulièrement nos efforts d'adaptation de la gestion des ressources humaines à la décentralisation.

La simplification de l'appareil administratif devrait nous permettre de dégager des marges de manoeuvre appréciables sur le plan structurel. On sait que les universités comparables à la nôtre ont un déficit accumulé semblable, mais que leur déficit structurel est de moindre envergure. Advenant un refinancement du ministère, elles seront en meilleure position pour entreprendre leurs opérations de développement. Il est primordial que nous soyons au même point.

Autres dossiers

D'autres dossiers sont inscrits à l'ordre du jour de nos priorités de l'année 1999-2000.

La Commission des affaires étudiantes doit déposer sous peu son rapport sur le sentiment d'appartenance. Il va sans dire que nous examinerons attentivement les recommandations et que nous prendrons les mesures nécessaires pour les mettre en œuvre.

Sans avoir pris connaissance du rapport, il est permis de penser qu'une composante primordiale du sentiment d'appartenance est la communication. Au cours des derniers mois, nous avons constaté des lacunes à ce chapitre, entre autres quant à la lecture de la situation financière de l'Université. L'adoption prochaine de la politique de communication préparée par un groupe de travail présidé par le secrétaire général nous servira d'assise pour améliorer cet aspect de la vie universitaire, entre autres par la mise en place d'un plan annuel de communication.

Autre élément important : la valorisation des réalisations des étudiants. À ce chapitre, je voudrais mentionner le succès de la chaire publique mise sur pied par l'ÆLIÉS, la participation des étudiants au concours d'œuvres d'art remises au personnel de l'Université, le gala Forces Avenir et le projet de vitrine sur les initiatives étudiantes que souhaite installer la CADEUL.

On peut également rehausser le sentiment d'appartenance en réalisant un projet qui mobiliserait toute la communauté universitaire. La célébration du 150e anniversaire de l'obtention de la Charte royale nous fournira cette occasion en 2002. Sous la présidence de Jean-Marc Narbonne, un groupe de travail se mettra bientôt à l'œuvre pour planifier les célébrations.

Le sentiment d'appartenance passe aussi par la fierté de faire partie d'une université qui enrichit la vie économique, intellectuelle et culturelle de son milieu. Le rayonnement régional, national et international de l'Université Laval est en progression constante. Nous continuerons nos interventions au sein du Comité Québec-Capitale, du Parc technologique, du RISQ, de l'AUCC et de l'AUF. L'Université intensifiera son action en matière de transfert des connaissances et de création d'entreprises de pointe issues de la recherche. Nous avons aussi l'intention de renforcer nos liens avec la Régie régionale de la santé pour nous assurer qu'elle tienne mieux compte des besoins de l'Université au moment de la réorganisation des centres hospitaliers universitaires. À cette fin, nous entendons mettre rapidement en œuvre un regroupement de tous les intervenants dans un "consortium universitaire de santé" sous la direction du doyen de la Faculté de médecine. Pour accentuer nos interactions avec le milieu industriel de la métropole en vue de favoriser le recrutement étudiant dans cette région, d'accroître les possibilités de stages pour nos étudiants et d'activer le transfert technologique, le bureau multifonctionnel de l'Université Laval à Montréal sera consolidé. Par ailleurs, plusieurs grands congrès internationaux sont prévus en 2000, et l'entente de partenariat qui sera ratifiée sous peu avec le Centre des congrès ajoutera au rayonnement international de notre université.

Enfin, nous verrons cette année une présence accrue des universités sur la scène publique afin de mieux faire connaître leur situation tant sur le plan des enjeux que sur celui des problèmes. Le Québec peut être fier de disposer d'un réseau universitaire diversifié et performant. Cet acquis doit être maintenu et protégé. À titre de président de la CREPUQ, je serai le porte-parole de mes collègues pour faire valoir l'importance du refinancement dans l'enseignement supérieur. À titre de recteur de l'Université Laval, mon rôle consistera à promouvoir les priorités de notre établissement en regard des grands axes de développement du Québec. Le mémoire qui sera présenté au ministre de l'Éducation dans quelques jours porte sur nos priorités de développement dans une perspective de réinvestissement public dans l'enseignement supérieur.

Conclusion

En terminant, je tiens à remercier chaleureusement tous les membres de la communauté universitaire qui, par leur engagement et leur solidarité, ont contribué à nos succès malgré nos difficultés. Cet engagement et cette solidarité ne seront pas moins nécessaires pour l'année qui s'amorce et qui annonce, elle aussi, de nombreux défis à relever.

 
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