entete Université Laval

"L'UNIVERSITÉ LAVAL: LA CARTE MAÎTRESSE DU DÉVELOPPEMENT DE LA RÉGION" - ALLOCUTION DE MONSIEUR FRANÇOIS TAVENAS RECTEUR DE L'UNIVERSITÉ LAVAL DEVANT LES MEMBRES DE LA CHAMBRE DE COMMERCE ITALIENNE - BUREAU DE QUÉBEC, le mercredi, 27 mai 1998

Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,

Je vous remercie de votre invitation à prendre la parole ici ce midi. Je suis heureux de voir que dans la région de Québec existe une Chambre de commerce italienne qui réunit entre autres les gens d'affaires d'origine italienne. C'est signe qu'à Québec, il existe de la diversité. Il faudrait le dire aux compatriotes de Montréal... Votre invitation arrive à point nommé parce qu'elle me permet, après une première année à la direction de l'Université Laval, de vous faire rapport de ce qui se passe chez nous, et en faisant ce rapport, d'illustrer encore une fois à quel point l'Université Laval constitue la carte maîtresse du développement de notre région.

Ce midi, je vais donc m'inspirer des travaux de la Commission d'orientation de l'Université Laval pour vous parler d'internationalisation. Cette question de l'internationalisation est majeure pour l'Université, tout comme l'ouverture à l'international doit figurer au centre des préoccupations de développement de notre région de Québec Chaudière Appalaches. Enfin, pour conclure, je dirai un mot du Comité Québec Capitale qui est né en mars dernier, et dont les travaux et la présence ont déjà commencé à faire sentir leurs effets ici et là, dans le paysage politique régional.

L'internationalisation de la formation

Mais d'abord, un mot de l'internationalisation. Il y a deux semaines s'ouvrait à l'Université Laval le 66e Congrès de l'ACFAS qui a été une réussite remarquable à tous les points de vue. Lors de la cérémonie d'ouverture du congrès, le Docteur Roger Guillemin, chercheur français éminent et Prix Nobel de médecine 1977, nous racontait que sa première communication de jeune scientifique français avait eu lieu non pas en France, mais lors du congrès de l'ACFAS tenu à Montréal en... 1949.

Je savais que l'ACFAS permettait le lancement de carrière scientifique de jeunes chercheurs de chez nous, mais j'ignorais que cette association avait aussi contribué au démarrage de carrières de scientifiques étrangers comme le Pr. Guillemin. Ce que cela indique, c'est que déjà, en 1949, l'internationalisation dans le domaine de la recherche était un outil de progrès scientifique.

Aujourd'hui, en 1998, à une époque où la mondialisation est une réalité de plus en plus présente dans la vie de tous les jours et pour tous, il est essentiel que les diplômés universitaires aient une bonne perception d'autres réalités sociales, économiques ou technologiques que celles qu'ils peuvent observer dans leur environnement immédiat.

C'est grâce à une telle ouverture d'esprit qu'ils seront en mesure de contribuer à la solution de problèmes de société à la fois de plus en plus complexes et de plus en plus interreliés à l'échelle mondiale.

Pour le Québec, qui existe dans un environnement linguistique et culturel particulier et qui dépend directement des échanges internationaux pour près de la moitié de son activité économique, cette obligation d'ouverture aux réalités du monde est encore plus vitale. Les universités ont donc une grande responsabilité dans ce domaine et elles doivent adapter leurs programmes de formation pour favoriser l'ouverture sur le monde de leurs diplômés.

L'Université Laval veut donc tout mettre en oeuvre pour accentuer son caractère international et celui de ses programmes. Nous voulons même que ce caractère international de l'Université Laval devienne une de ses lignes de force, comme l'indique la recommandation 25 du rapport de la Commission d'orientation.

Pour réussir ce passage à l'international, la Commission a recommandé beaucoup de moyens très concrets, qui vont affecter directement la vie de nos étudiants. Par exemple, la Commission recommande:
· d'assurer l'apprentissage d'autres langues au sein même des programmes;
· d'offrir des cheminements à profil international dans les programmes;
· d'accroître l'offre de stages en milieu de travail à l'étranger;
· de créer des programmes conjoints avec des universités étrangères sélectionnées, qui pourraient même permettre d'obtenir un double diplôme.
· d'obtenir, par des campagnes de souscription, les moyens financiers nécessaires pour faciliter la mobilité internationale de nos étudiants;
· d'accroître les possibilités de cotutelle de thèses avec des professeurs d'universités étrangères.

Mais il y a plus. Il est également nécessaire que le caractère international puisse aussi s'affirmer par l'accueil chez nous, à l'Université val et dans notre région, d'un plus grand nombre d'étudiants étrangers, eux dont la présence est un "plus" à tous égards pour notre milieu.

Le recrutement d'étudiants étrangers

L'Université Laval reçoit présentement un fort contingent d'étudiants étrangers, en particulier des divers pays de la francophonie. Leur présence est la preuve tangible de la réputation de notre université sur la scène mondiale. Elle est également un facteur important d'enrichissement de nos programmes, ces étudiants apportant d'autres cultures, d'autres formations, d'autres expériences.

Mais au-delà de leur apport aux activités universitaires, les étudiants étrangers procurent des bénéfices nombreux et divers au pays qui les accueille: leur présence contribue à l'activité économique de la région; ils attirent souvent des visiteurs, amis ou membres de leur famille; enfin et surtout, ils constituent, une fois retournés dans leur pays d'origine, des ambassadeurs et des partenaires dans le développement des relations économiques et culturelles. Je souhaite d'ailleurs que s'intensifient les échanges entre les milieux d'affaires de la région et nos étudiants étrangers: ceux-ci peuvent rapidement se transformer en partenaires de vos affaires après leur retour dans leur pays d'origine, diplôme de l'Université Laval en poche.

Dans les grandes universités, il n'est pas rare de voir le nombre d'étudiants étrangers atteindre et même dépasser les 10 % de la population étudiante totale. Actuellement, à l'Université Laval, ces étudiants n'en représentent que 5 %. La Commission d'orientation nous a dit qu'il faut augmenter cette proportion pour qu'elle atteigne chez nous comme dans les autres grandes universités 10 % de la population étudiante totale dans les prochaines années.

Pour atteindre cet objectif, la Commission a, entre autres moyens, recommandé:
· d'exploiter pleinement les nombreuses ententes interinstitutionnelles pour attirer des étudiants étrangers en fin de programmes de premier cycle en vue de les recruter aux deuxième et troisième cycles;
· d'insérer, dans les stratégies facultaires de recrutement, des éléments particuliers aux étudiants étrangers, en particulier pour attirer des étudiants de troisième cycle et des chercheurs postdoctoraux;
· de poursuivre les démarches en vue d'assouplir les politiques gouvernementales relatives aux droits de scolarité et aux règles d'immigration en vue de faciliter la venue d'étudiants étrangers;
· de valoriser l'accueil et l'intégration des étudiants étrangers notamment par des stages dans les laboratoires de recherche de l'Université.

La recherche internationale

Enfin, pour compléter le tableau, je vous rappelle que la recherche universitaire a, de tout temps, été une activité fortement tournée vers la scène internationale. L'exemple du Dr Guillemin dont je parlais tantôt est éloquent à cet égard. Les chercheurs de l'Université Laval sont généralement très bien engagés dans leurs communautés et disciplines scientifiques respectives. Mais comme l'évolution de la recherche dans la plupart de ces disciplines appelle une collaboration croissante entre les chercheurs, il est important que nos chercheurs occupent de plus en plus leur place dans les grands réseaux internationaux de recherche.

Par ailleurs, l'Université Laval et ses professeurs se sont acquis une grande réputation dans la communauté scientifique internationale par le nombre important de revues scientifiques francophones nées et publiées ici. L'Université veut soutenir et accroître ces activités et la diffusion de la recherche faite ici à l'étranger en adaptant nos publications à l'usage des NTIC autant que faire se peut.

Par ailleurs, l'évolution politique et économique de nombreux pays, en particulier en Europe de l'Est et en Amérique du Sud, crée de nouveaux besoins de recherche et de nouvelles occasions de collaboration avec les chercheurs de ces pays. L'Université Laval, active à un haut niveau dans presque tous les champs de recherche d'intérêt dans ces pays, a de nombreux atouts pour affirmer sa place sur la scène internationale.

Je conclus ce chapitre en vous rappelant que l'internationalisation des programmes de l'Université Laval et le développement de sa notoriété sur la scène scientifique et universitaire internationale ont pour effet le développement et la notoriété de la grande région de Québec sur la scène internationale.

Je ne vous apprendrai rien en disant que l'Université, par sa communauté de chercheurs, constitue une source d'expertise unique où l'industrie, le monde des affaires et d'autres milieux peuvent puiser pour accroître leur potentiel en matière d'innovation. Par leur intégration dans les réseaux scientifiques mondiaux et leurs ententes de collaboration avec leurs homologues des autres pays, nos chercheurs sont des alliés de premier plan dans la veille technologique, dans e transfert technologique et dans l'ouverture de nouveaux marchés. C'est en cela que l'Université Laval constitue, fondamentalement, la carte maîtresse du développement de la région de Québec.

Le progrès de la région

En effet, je n'ai pas à vous rappeler que le développement de notre région ne peut plus reposer sur l'activité gouvernementale, et la région de Québec Chaudière-Apalaches n'a jamais été, comme Montréal ou Toronto, un centre industriel important. Les axes prioritaires de notre progrès comme région sont, d'une part, le tourisme, en raison des attraits remarquables de notre milieu, et d'autre part, les entreprises à haut contenu technologique, les entreprises reposant donc sur le savoir.

Bien sûr, Québec restera toujours la Capitale du Québec, et j'y reviendrai dans un moment. Mais la fonction gouvernementale ne peut plus, à elle seule, assurer notre progrès. Dans les années '60 jusqu'au début des années '80, les fonctions publiques provinciale et fédérale pouvaient, dans certains secteurs, offrir de l'emploi à la moitié de nos diplômés. Mais cette époque est terminée.

Si nous souhaitons éviter la fuite complète de notre principale ressource naturelle, c'est-à-dire les cerveaux bien formés de nos jeunes diplômés, il faut que la région puisse leur offrir des emplois à la mesure de leur capacités, que ce soit en génie, dans les entreprises liées au développement des biotechnologies, dans le multimédia, dans les différentes applications des nouvelles technologies de l'information. Québec Chaudière Appalaches doit donc devenir une région ouverte sur le monde. Vous êtes en affaires: vous savez que vos affaires vous mettent en concurrence avec non pas tellement l'entreprise analogue dans le Parc industriel situé à Bécancour ou à Jonquière, mais bien avec des entreprises du Mexique, du Chili ou de la Bavière. C'est cela la nouvelle réalité.

C'est pour cela que nos diplômés doivent apprendre une ou deux langues en plus de leur langue maternelle. C'est pour cela que nos chercheurs doivent vivre leurs recherches en réseau international, car les applications de ces recherches et le transfert technologique qui en découlent doivent être de classe internationale sous peine de n'intéresser personne. L'ouverture sur le monde est aussi une caractéristique de la croissance. L'Université est sensible à cette dimension et, pour cette raison, veut en imprégner tous ses programmes d'études afin que ses diplômés puissent acquérir les connaissances, les habiletés et les attitudes nécessaires pour travailler utilement dans un contexte de plus en plus international.

Le Comité Québec Capitale

Enfin, et ce sera ma conclusion, j'ai précisé tantôt que les grands axes du développement de notre région n'incluaient plus l'activité gouvernementale et administrative. Cela, toutefois, ne veut pas dire que l'on doive tolérer sans mot dire le glissement des activités gouvernementales de Québec vers les autres régions. Il ne faut pas accepter que Québec, dans une certaine indifférence, ne devienne une capitale " de nom seulement ", une coquille administrative réduite à sa plus simple expression. Depuis plusieurs années, ce glissement des responsabilités de la capitale vers d'autres régions a commencé.

L'automne dernier, dans un de mes premiers discours publics, je rappelais avoir été frappé, dans toutes mes rencontres, par un certain fractionnement des intérêts régionaux et par la difficulté de réaliser des objectifs communs et de faire des choix collectifs. Le Comité Québec Capitale, qui a vu le jour en mars dernier, est déjà un pas vers la convergence des intérêts régionaux en faveur du maintien dans la région de Québec et à Québec des outils centraux de décision politiques, sociaux, culturels et économiques du gouvernement québécois.

Ce Comité, qui se réunit une fois par mois, examine divers dossiers qui lui sont soumis. Il est composé du maire de Québec et du président de la CUQ, des présidents des Chambres de commerce de Québec, de Ste-Foy et de la Rive-Sud, et d'autres présidents d'organismes de concertation. En tout, 14 personnes qui ont demandé au recteur de Laval d'agir comme président.

Comme nous l'avons dit au ministre Jean Rochon lorsque nous l'avons rencontré, le Comité Québec Capitale n'est pas un organisme de dénonciation. C'est un lieu dont la préoccupation du maintien et du développement de " Québec comme Capitale du Québec " constitue la raison d'être. Nous examinons, par exemple, les conflits possibles entre la Fête des Neiges à Montréal et le Carnaval de Québec, et nous posons des questions. Nous examinons la question du siège social d'organismes comme Soquip ou Soquia dans la réorganisation de la SGF, dont le président réside à Montréal. Et nous posons des questions. Nous nous préparons à considérer la question d'une résidence officielle, etc.

Le ministre Rochon nous a indiqué qu'une " Politique de la Capitale " serait rendue publique en juin prochain: nous avons demandé que cette politique comporte une clause " Capitale ", tout comme il existe une clause " métropole " au Gouvernement du Québec lorsque vient le temps de prendre des décisions. Nous avons aussi demandé l'inclusion d'une " politique des sièges sociaux " des organismes du Gouvernement du Québec dans le projet de juin prochain. Bref, le Comité Québec Capitale, au nom du maintien de la fonction gouvernementale à Québec, a entrepris un travail qui, jusque-là, était le fait de personnes ou d'instances isolées.

Après quelques mois d'activités, je suis persuadé que ce comité sert bien la région de Québec. Si nos efforts contribuent non seulement au maintien, mais même au retour à Québec d'activités qui devraient normalement se dérouler dans la Capitale, je crois que nous y gagnerons tous. Rappelons-nous qu'au moment de l'Expo '67, le premier ministre Daniel Johnson avait décidé qu'il recevrait les chefs d'État et de gouvernement du monde entier dans la capitale, Québec, et non ailleurs, même si l'Expo avait lieu à Montréal.

C'est cela, la tâche du Comité Québec Capitale. Je voulais vous en glisser un mot ce midi, pour que vous sachiez que du travail se fait aussi par beaucoup de monde en faveur de la fonction gouvernementale à Québec. Je souhaite également que dans vos domaines respectifs d'activités, vous soyez plus attentifs à ce volet de l'actualité pour, qui sait, nous appuyer et, le cas échéant, porter à notre attention des situations qui, à leur face même, sembleraient aller à l'encontre du maintien à Québec du coeur des décisions politiques du Gouvernement québécois.

Vous le voyez: le recteur de l'Université Laval a beaucoup de " fers au feu ". C'est normal, compte-tenu de la place que l'Université occupe dans la grande région de Québec Chaudière Appalaches. C'est à l'Université Laval que se fait la plus importante recherche fondamentale et appliquée, source de transfert technologique constant. C'est l'Université Laval qui, année après année, enrichit la société québécoise de plusieurs milliers de diplômés bien formés. C'est aussi au recteur de l'Université Laval, votre humble serviteur, que la région a demandé d'être le porte-parole et président du comité qui oeuvre à la défense et à la promotion des intérêts de Québec, la capitale. En somme, l'Université Laval, plus que jamais, constitue la carte maîtresse du développement durable de notre région. Je veux souhaiter que votre appui à notre travail se poursuive.

Je vous remercie

 
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