entete Université Laval

Discours de la rentrée du recteur de l'Université Laval, M. Michel Pigeon, prononcé le mardi 19 septembre 2006 devant les membres du Conseil universitaire

Chers collègues,

Le mathématicien français de la fin du 19e siècle, Henri Poincaré, disait que, même en l'absence de certitudes, mieux vaut tenter de prévoir que de ne pas le faire. Et j'ajouterais, particulièrement dans un contexte de changement comme celui que nous vivons actuellement.

Nos étudiantes et nos étudiants changent. L'environnement de l'enseignement et de la recherche change. L'Université change. Le campus change. La société change. Même le système solaire change au point où Pluton n'est plus une planète. Au seuil de cette nouvelle année, nous devons donc voir loin, pour tenter de discerner, dans ce monde de changement, les pistes nécessaires à notre développement.

CONTEXTE

Parlons d'abord du contexte. Renforcer l'unité de notre communauté constituait une priorité lorsque je suis devenu recteur. Des efforts soutenus pour accroître la communication interne, pour mieux écouter les gens et améliorer le climat de travail ont permis, je l'espère, d'atteindre cet objectif. Bien sûr, cette tâche n'est jamais terminée. Les périodes de négociation de conventions collectives ou d'arbitrage budgétaire créent inévitablement des tensions. Néanmoins, je perçois un niveau plus élevé de respect des personnes et, malgré parfois certaines différences d'opinions, une volonté de poursuivre ensemble notre tâche.

Au plan interuniversitaire, la concertation est assez bien établie en recherche. Cependant, au Québec, une forte concurrence persiste pour le recrutement étudiant. Rien n'incite à la collaboration entre les établissements universitaires au premier cycle. Heureusement, il en va tout autrement avec les collèges, où nous avons des motifs de grande fierté quant à notre degré de collaboration avec eux.

Ici, à Québec, le changement à la mairie en novembre dernier n'a diminué en rien la volonté concrète d'ouverture et de partenariat avec la Ville de Québec. Le projet Myrand est un bel exemple de cette complicité, tout comme l'entente par laquelle la Ville versera à l'Université, sur une période de 10 ans, un montant d'environ 10 M$ pour des travaux d'aménagement du campus et d'amélioration de ses infrastructures.

Les ententes récemment renouvelées avec des acteurs régionaux comme le Musée de la civilisation, le Centre des congrès et le journal Le Soleil, ou nouvellement conclues avec la Commission de la Capitale nationale, la Chambre de commerce de Québec et Pôle Québec Chaudière-Appalaches, nous positionnent de plus en plus comme un des plus grands acteurs de la ville de Québec et de tout l'est de la province.

Politiquement, nous sommes à la veille d'élections tant à Québec qu'à Ottawa. J'accueille avec plaisir l'annonce, par le premier ministre et le ministre de l'Éducation, du refinancement au moins partiel de l'enseignement supérieur, dès cette année 2006-2007. Cette bouffée d'oxygène était ardemment attendue… et très nécessaire, même si tous les problèmes de financement ne sont pas résolus, loin s'en faut.

Le contexte universitaire international continue d'offrir à la fois opportunités et défis, car nous devons continuer d'attirer ici, non seulement des étudiants de partout, mais aussi les meilleurs professeurs. Quand on voit ce qui se passe dans le monde universitaire en Europe, en Australie, en Asie et ailleurs, force est de constater que la " patinoire universitaire " mondiale, si vous me permettez cette image, est plus occupée que jamais. Ceux et celles qui se demandent pourquoi nous sommes allés en Chine et en Inde au cours de la dernière année ont leur réponse.

Nous voulons voir loin en collaborant au développement de l'enseignement supérieur dans le monde, en misant sur le caractère complet de notre offre de programmes et sur notre statut de grande université de recherche francophone et nord-américaine. En même temps, nous positionnons l'Université Laval comme un partenaire ouvert et intéressant, et nous attirons ici les étudiants étrangers, que nous souhaitons en nombre accru sur notre campus.

Voilà donc, sommairement, quelques-uns des éléments à retenir du contexte de notre action à venir, contexte qui m'apparaît globalement positif, mais qui nous pose de grands défis, car, disons-le franchement, la compétition augmente plus rapidement que nos ressources.

Je disais il y a un moment qu'il nous fallait voir loin. C'est ce que mon équipe et moi nous sommes donné comme mot d'ordre dès notre entrée en fonction. Notre vision s'est incarnée dans plusieurs chantiers : milieu de vie, enseignement, recherche, rayonnement et gestion. Dans chacune des cinq sections de ce discours, je dresserai donc un bref bilan de notre mandat et de l'année 2005-2006, puis, j'esquisserai des perspectives pour 2006-2007 et au-delà.

CRÉER UN MILIEU DE VIE OUVERT

Un mot d'abord de notre milieu de vie. Notre communauté universitaire, c'est plus de 40 000 personnes qui vivent principalement ici, sur ce campus, à chaque jour. J'ai donc fait de l'aménagement et de l'ouverture de notre campus, et de sa qualité, un élément-clé de mon travail. Nous avons mis sur pied, dès 2003, une Commission d'aménagement du campus, la CAMUL, pour ouvrir davantage notre milieu physique sur la ville, pour en rendre la fréquentation plus facile et agréable, et aussi prévoir les besoins futurs de développement de l'Université. Le rapport de la CAMUL, préparé après une large consultation, a été accepté avec enthousiasme par le Conseil d'administration.

Un Comité d'aménagement et de mise en œuvre, le CAMEO, a été créé l'an dernier afin de veiller à l'application du plan directeur d'aménagement élaboré par la CAMUL. Comme je l'expliquerai dans quelques instants, nous allons commencer, au cours de l'année qui vient, à voir les effets de cet effort de planification, notamment grâce au projet de développement du secteur Myrand.

Le Centre de recherche sur le bois ouvré et le Centre d'optique, photonique et laser ont été construits. Nous avons rénové l'aire de restauration du De Koninck et construit un bel espace de vie communautaire dans la cour de ce pavillon, un des plus fréquentés du campus. Nous avons poursuivi activement la rénovation de certains pavillons et résidences. Internet sans fil est maintenant accessible partout. Depuis 2002, l'investissement total en rénovation, en construction, en équipement et en mise aux normes a été de l'ordre de143 M$.

La qualité du milieu de vie se mesure, entre autres, à la qualité de l'environnement et à la santé physique des membres de notre communauté. L'aménagement de sentiers pédestres et de pistes cyclables s'est poursuivi, le recyclage a été stimulé et des programmes d'économie d'énergie et de papier ont été implantés. En outre, nous avons amorcé un virage santé lors du renouvellement de l'ensemble des ententes relatives aux services alimentaires.

Voilà pour le milieu physique. Mais ce milieu existe pour des personnes. La qualité de la vie au travail a, elle aussi, été un fondement de notre action. Assurer le fonctionnement quotidien harmonieux et efficace d'une communauté aussi large et nombreuse que la nôtre est un défi en soi. J'ai voulu faire de la communication interne une préoccupation constante, grâce à des tournées d'unités, à des lettres régulières à la communauté, à une présence personnelle accrue sur le campus et à des rencontres mensuelles avec des groupes d'employés, de professeurs et d'étudiants. Nous avons aussi maintenu un dialogue constant avec la CADEUL et avec l'ÆLIÉS. Nous avons soutenu maintes initiatives étudiantes, et nous entendons continuer à le faire, comme dans le cas de la présente démarche étudiante en faveur du transport en commun. Enfin, des efforts particuliers ont été faits, notamment l'an dernier, pour rencontrer les directeurs et directrices de département, de centre et de programme, et mieux communiquer avec eux. Bref, on a commencé, mais il est clair qu'il faut en faire plus.

Nous avons également accordé une attention toute particulière à la gestion des ressources humaines, en respectant les personnes et en étant à l'écoute de leurs besoins. Voir loin, c'est s'assurer d'être un bon employeur pour attirer ici la relève dont nous avons besoin. Depuis 2003, nous avons fait des progrès en ce sens, notamment en dotant notre communauté d'une politique de santé psychologique du personnel. Nous avons aussi soutenu et encouragé le développement d'activités signifiantes de reconnaissance pour les diverses catégories de personnel.

Je souligne ici le soin mis à accueillir et à intégrer les nouveaux employés, et à offrir aux gestionnaires des programmes de formation en gestion des ressources humaines. Il y a présentement, entre autres, une opération en cours qui implique facultés et départements, pour l'accueil des nouveaux chargés de cours. Enfin, un travail de fond a été mené en 2005-2006, et il et se poursuivra de façon très intensive en 2006-2007 et dans les années à venir, pour choisir et implanter un système moderne de gestion des ressources humaines.

Les syndicats et associations sont nos partenaires. C'est le respect qui leur est accordé qui fait qu'au terme de négociations pas toujours faciles, nous maintenons le dialogue nécessaire à la poursuite de notre mission. Des comités de relations de travail se réunissent sur une base régulière et permettent de trouver un règlement à la très grande majorité des griefs à la satisfaction des parties. En 2005-2006, nous avons signé des conventions collectives avec l'Association des dentistes cliniciens enseignants (ADCEFMDUL) et le Syndicat des maîtres de français langue seconde (SMFLS). Des négociations sont en cours avec le Syndicat des responsables de formation pratique (SRFP), avec le Syndicat des chargés de cours (SCCUL) et avec l'Association du personnel administratif professionnel (APAPUL).

Maintenant, jetons un œil sur l'avenir. À court terme, comme je le soulignais il y a quelques instants, je suis particulièrement fier que l'année 2006-2007 permette enfin la mise en route des premières phases de la construction de logements sur le campus, dans le cadre du projet Myrand, un projet de construction de 1 500 unités d'habitation, le tout conçu de manière verte et économique. C'est là un très bel exemple d'urbanisme participatif, où l'Université Laval a été attentive à son milieu, et aux préoccupations de ses voisins immédiats.

Les travaux d'agrandissement et de rénovation du pavillon Vandry sont commencés. Ce nouveau Centre intégré de formation en santé devrait être complété au début de 2010. D'ailleurs, d'ici 2010, l'ensemble des projets, incluant le projet du PEPS toujours à l'étude, représentent des investissements d'environ 200 M$. À moyen terme, d'autres projets sont à prévoir autour de ce qu'on appelle communément le Grand Axe. Des projets sont aussi en gestation pour les bandes riveraines de l'autoroute Du Vallon, où nous souhaitons agir avec des partenaires pour participer activement, ici, au développement d'une véritable Cité de l'innovation, un concept qui recueille de plus en plus d'appuis dans notre milieu régional.

La réussite de notre mission, nous le savons tous, repose sur le travail d'un personnel enseignant et administratif mobilisé, dynamique et compétent. Au plan des ressources humaines, nous augmenterons la formation offerte à nos gestionnaires tant administratifs qu'académiques. Cet automne, en plus de poursuivre la négociation des conventions déjà mentionnées il y a un moment, nous commencerons la négociation avec l'Association des médecins cliniciens enseignants (AMCEMDUL), les employés de soutien (SEUL) et les professionnels de recherche (SPPRUL). Enfin, nous amorcerons la préparation de la négociation avec le Syndicat des professeurs (SPUL), en tenant compte du contexte de changement global que j'esquissais au début de ce discours et des nouvelles réalités de l'enseignement, dont la multidisciplinarité.

En somme, voir loin, c'est mettre en œuvre tout ce qui est possible pour que notre communauté universitaire soit unie et mobilisée pour accomplir notre mission de formation et de recherche dans un milieu de vie innovant, certes, mais aussi accueillant, ouvert au voisinage urbain et soucieux de l'environnement. J'en viens maintenant au cœur de mon propos.

FORMER LA RELÈVE

Depuis 2003, un accent soutenu a été placé sur la formation. En effet, nous devons offrir des programmes dont la qualité attire ici les étudiants et étudiantes, des programmes qui reflètent la capacité d'innovation et d'adaptation de l'Université Laval.

Nous avons donc, entre autres, valorisé la fonction enseignement et amélioré l'encadrement des étudiants et des étudiantes. Nous avons créé l'Heure pédagogique, démarré le profil entrepreneurial, refondu les Prix d'excellence en enseignement et relancé l'évaluation périodique des programmes aux trois cycles. En 2005-2006 seulement, 24 programmes ont été évalués. De septembre à avril dernier, le Réseau de valorisation de l'enseignement a offert une vingtaine d'activités de perfectionnement.

La Commission des études a étudié l'approche par compétences, et son avis sur cette question a été discuté au Conseil universitaire d'avril dernier. Nous avons aussi continué à appuyer concrètement le passage aux technologies de l'information dans l'enseignement et l'apprentissage. De plus, malgré une conjoncture particulièrement difficile, nous avons accru de façon importante le budget d'acquisition de volumes et périodiques de la Bibliothèque, budget qui sera de 10,4 M$ cette année, incluant une contribution de 300 000 $ des facultés.

Au plan de la mobilité étudiante internationale, nous avons favorisé une continuité efficace des actions, dans un souci d'ouverture et d'adaptation aux meilleures façons de faire dans ce domaine. Six des 11 microprogrammes implantés l'an dernier étaient des programmes d'enseignement de langues, créés entre autres pour servir la mobilité de nos étudiants.

L'an dernier, j'ai souhaité mettre un accent particulier sur l'importance de la formation à distance et de la formation continue. Un budget spécial a été attribué pour ces deux secteurs en 2005-2006, et des décisions structurantes ont été prises. Par exemple, nous avons mis sur pied un comité de veille stratégique, créé le Bureau de la formation à distance et rattaché le Réseau de valorisation de l'enseignement à la vice-rectrice aux études, afin de mieux coordonner les actions dans ces domaines. Un Comité de travail sur la place de l'adulte à l'Université Laval, non seulement dans nos programmes de formation continue, mais aussi dans nos programmes réguliers, a été mis sur pied en janvier dernier.

L'intégration de l'interdisciplinarité dans nos programmes se poursuit bien. J'en suis à la fois heureux et très fier. J'en veux pour démonstration certains programmes implantés en 2005-2006, et dont les premiers étudiants sont maintenant avec nous : le baccalauréat en bioinformatique, et celui en génie des eaux ; la maîtrise en biogéosciences de l'environnement, et le doctorat en études internationales. La question toujours délicate du développement d'une gestion budgétaire favorisant l'interdisciplinarité, même s'il y a eu déjà quelques gestes concrets en ce sens, a été référée à un groupe de réflexion sous la responsabilité du vice-recteur exécutif.

D'autres éléments sont à souligner concernant la formation. Premièrement, nous avons mis en route le chantier d'arrimage des programmes préuniversitaires de 29 collèges avec nos propres programmes. Ces travaux ont déjà donné lieu à des résultats concrets, et je souligne l'excellente participation du milieu collégial à cet effort. Là encore, l'Université Laval a su innover et récolte les fruits de la position que l'équipe de direction a prise lors du Forum collégial de 2004.

Deuxièmement, nous nous sommes penchés sur l'exercice de la direction de programme afin d'explorer les manières d'assister concrètement ceux et celles qui occupent cette fonction essentielle. Ce travail se poursuivra dès cet automne. L'accroissement de la qualité et de la diversité de nos programmes, la création de profils distinctifs, la multidisciplinarité et l'ouverture à l'internationalisation sont toutes des mesures qui visent la qualité de la formation de nos étudiants et étudiantes, donc la valeur de leur diplôme. La société, je le dis souvent, attend davantage de nous. Nous en tenons compte.

Passons à l'avenir, maintenant. Voir loin en matière de formation, c'est entre autres réaliser que la formation non traditionnelle prendra de plus en plus d'importance. À long terme, elle pourrait représenter jusqu'à 50% de nos activités. L'apprentissage tout au long de la vie, le lifelong learning, ira en se développant. En disant cela, je ne minimise pas la formation initiale du groupe d'étudiants qui nous vient des collèges. Mais cette population n'est plus en croissance pour un avenir prévisible.

La réalité, c'est que notre population étudiante se diversifiera de plus en plus et proviendra, dans une proportion plus large, de la formation continue et de l'enseignement à distance, comprendra plus d'adultes, et nous arrivera de partout. Nous irons aussi la chercher là où elle est, pour lui offrir les programmes dont elle a besoin dans son milieu. C'est ce qui a motivé notre adhésion au Pôle universitaire des Basses-Laurentides, le printemps dernier, tout comme le développement de nos activités dans les régions, et dans la métropole. D'ailleurs, pour coordonner notre offre de formation dans les régions du Québec, nous avons nommé, à la formation continue, un nouveau directeur général adjoint. L'Université Laval, on le voit, sait donc être stratégique et s'adapter. Et elle est capable des changements culturels que cette adaptation demande.

Cette année, la Commission des études déposera un document intitulé " Constats et perspectives sur l'ensemble des études à l'Université Laval. " Ce document important nous aidera à planifier les actions requises pour que, dans le contexte de changement déjà évoqué, notre institution continue d'aller de l'avant en matière de formation. Par exemple, nous voulons favoriser l'implantation du profil coopératif dans plus de programmes. La question de la scolarité de transition sera examinée pour adapter nos processus d'accueil des étudiants des autres provinces et favoriser leur intérêt à poursuivre leurs études universitaires chez nous. Un comité est formé à cet égard et la DGPC donnera suite cette année. Enfin, nous attendons dès cet automne l'avis de la Commission des affaires étudiantes sur l'accueil et l'intégration des étudiants étrangers.

Comme je l'ai mentionné, nous avons entrepris, au cours des dernières années, des actions pour favoriser davantage l'internationalisation de la formation, par exemple en étendant le profil international à la maîtrise sans mémoire et à d'autres types de séjours répondant aux critères du profil international, ou encore par le développement de stages internationaux dans les pays du Sud. Environ 10% de nos diplômés vivent une expérience internationale planifiée, encadrée et créditée, et, j'en ai eu bien des échos, particulièrement appréciée. Nous maintiendrons donc le cap sur l'internationalisation de la formation, en souhaitant porter cette participation, à moyen terme, à 20 % de nos étudiants.

Cette année aussi, nous mettrons en route un comité qui, avec la collaboration du Service de placement et de l'Association des diplômés, étudiera la question des stages de travail à l'international. Je me réjouis de voir que des diplômés haut placés en Europe, regroupés dans le Cercle international Rouge et Or, apportent leur concours actif à ce travail. Enfin, nous donnerons suite aux travaux du Comité conseil sur l'internationalisation que j'ai mis sur pied en 2005. À ce sujet, le Comité nous a éclairés sur la nécessité de favoriser la création de programmes conjoints avec des universités étrangères prestigieuses. Nous espérons vivement réussir l'implantation, dès cette année, de 2 ou 3 de ces programmes conjoints, grâce à une aide financière appropriée.

Aux cycles supérieurs, nous poursuivrons les travaux visant à la mise en place d'un outil servant à mieux suivre les étapes du cheminement du doctorant. De son côté, la nouvelle Politique internationale du Québec propose, entre autres mesures, un accroissement du financement alloué à l'attraction de chercheurs étrangers, et un réaménagement des programmes de bourses d'exemption afin d'attirer davantage de candidats étrangers des 2e et 3e cycles universitaires, ce qui va dans le sens de nos efforts.

En 2005, 25,5% de notre population étudiante était aux cycles supérieurs. Souvenons-nous qu'en 2000, cette proportion était de 18,8%. Nous avons bien cheminé en 5 ans. Voir loin, c'est maintenant se fixer de nouveaux objectifs. À l'Université Laval, nous diplômons environ 250 récipiendaires de doctorats annuellement. Pourquoi ne pas se déterminer un objectif, à moyen terme, de quelque 300 doctorats par année ? Pourquoi ne pas chercher à atteindre une proportion de 30% de nos étudiants aux cycles supérieurs ? Nous devons favoriser encore davantage le goût des études supérieures. Nous sommes déjà une grande université de recherche. C'est ce qui permet que les étudiants et étudiantes aux trois cycles, et pas seulement aux cycles supérieurs, soient exposés aux chercheurs et chercheures de l'Université et qu'ils aient l'occasion d'être en quelque sorte touchés par leur passion.

Du côté de la modernisation de la gestion des études, nous espérons procéder cette année aux premiers essais du nouveau système et des processus révisés. Je rappelle que c'est un projet majeur, de l'ordre de 26 M$, auquel travaillent activement plus d'une centaine de personnes, toutes reliées à la gestion des études.

En résumé, pour former la relève dont notre société a besoin, l'Université Laval fait face à un seul choix possible: offrir une formation accessible, innovante, de haute qualité, et ouverte à l'international à tous les cycles d'études.

REPOUSSER LES LIMITES DU SAVOIR

En recherche, notre objectif n'a jamais changé, et à cet égard, nous poursuivons l'action de Larkin Kerwin, Jean-Guy Paquet, Michel Gervais et François Tavenas : l'Université Laval doit demeurer la grande université de recherche qu'elle est devenue. À l'Université Laval, comme je viens de le souligner, nous formons par la recherche, et la recherche doit imprégner la formation aux trois cycles. De plus, la société attend de l'université que ses recherches soient, à moyen ou à long terme, bénéfiques aux plans social, culturel, technologique et économique.

Afin d'être en mesure de répondre à des questions de plus en plus complexes, l'Université, tout en laissant une place à la recherche individuelle, doit donc encourager l'interdisciplinarité et le réseautage interfacultaire, interinstitutionnel et international. Tout comme en formation, la compétition est très forte en recherche, notamment en raison des investissements massifs effectués par certaines provinces, et nous avons l'obligation d'agir stratégiquement pour maintenir notre position parmi les grandes universités de recherche canadiennes.

L'année qui se termine a vu, encore une fois, nos chercheurs produire et publier de façon abondante. Les sujets sont variés et intéressants : qu'il s'agisse d'un progrès vers un premier traitement de la dystrophie musculaire myotonique, d'une révélation que les arbres matures ne seraient pas les pièges à CO2 tant espérés, des nouvelles perspectives sur les échanges entre les anciennes colonies de la Guyane française et de la Nouvelle-France, de la mise au point d'un outil pouvant révolutionner l'électronique moléculaire, de la conception de divers types d'habitations de secours destinées aux populations sinistrées, d'une certaine réhabilitation de Judas par des évangiles apocryphes ou bien de l'efficacité d'un médicament contre l'obésité et les risques cardiovasculaires, les résultats du travail de nos chercheurs sont impressionnants.

En raison du contexte de changement qui affecte aussi beaucoup la recherche et les chercheurs, en particulier la prolifération des types de subventions de recherche et le développement des partenariats, nous avons procédé à des restructurations significatives au Vice-rectorat à la recherche. Nous avons aussi simplifié le processus d'approbation des projets de recherche par les comités d'éthique dans les hôpitaux. De plus, afin de dresser le constat de notre situation et d'agir de façon plus stratégique, nous nous sommes dotés d'un Plan de développement de la recherche. Celui-ci favorise une stratégie de mise en valeur de nos forces reconnues qui nous distinguent des autres universités.

Par ailleurs, pour favoriser la promotion de la recherche, le transfert des applications de la recherche et identifier des partenariats fructueux à tous les niveaux, l'Université Laval s'est rapprochée de Pôle Québec Chaudière-Appalaches. Elle a aussi conclu avec le CHUQ une entente de principe sur la gouvernance de la propriété intellectuelle.

En recherche, voir loin demande d'agir de façon stratégique, en lien étroit avec les chercheurs. Nous prévoyons signer cet automne un protocole d'harmonisation avec le CHUQ, ce qui contribuera à simplifier et à clarifier le cheminement des dossiers de nos chercheurs œuvrant en milieu hospitalier. Nous continuerons de favoriser l'arrimage de la recherche avec la formation des étudiants aux cycles supérieurs, en particulier dans les regroupements de recherche. Il nous faudra également développer et intensifier les possibilités de collaborations transdisciplinaires, et stimuler une insertion accrue des chercheurs dans des réseaux ou des regroupements provinciaux, nationaux et internationaux.

Nous voulons aussi faciliter des initiatives dans des secteurs novateurs et en émergence, porteurs d'innovations sociales et de développements scientifiques. Il faut mettre en valeur les résultats de la recherche, non seulement pour des fins de transferts technologiques, mais aussi pour leur capacité à régler des problèmes sociaux, et pour faciliter la diffusion des résultats de la recherche par la vulgarisation scientifique.

Pour atteindre ces objectifs, nous devons répondre aux besoins concrets des chercheurs sur le terrain ; par exemple, par l'aide à la préparation de demandes de subventions. Il faut aussi mobiliser et soutenir les directeurs de centre et les responsables d'équipe. La Commission de la recherche sera mandatée cet automne pour suggérer des moyens de valoriser davantage et d'aider les chercheurs qui œuvrent dans un contexte de plus en plus exigeant et compétitif. Par ailleurs, la direction de l'Université accueillera favorablement les commentaires et les suggestions des chercheurs concernant toute question reliée au développement de la recherche.

On mesure souvent la performance en recherche d'une université par les fonds externes reçus. Ce n'est pas un mauvais indice, mais ce n'est pas le seul. Il y en a un autre qui devrait peser aussi lourd ; c'est celui, comme je le signalais à l'instant, du nombre annuel de nouveaux docteurs. Je le répète : l'Université Laval doit demeurer la grande université de recherche qu'elle est devenue.

RAYONNER

Le rayonnement et la mise en valeur de l'Université Laval, de ses succès en recherche et en formation sont, depuis 2003, une des priorités de l'équipe de direction, précisément parce que nous vivons dans un monde ouvert. Un travail considérable a été accompli à ce chapitre. Nous nous sommes dotés d'une plate-forme d'identité visuelle distinctive que nous incitons tout le monde à l'Université à utiliser. Nous avons relancé le réseau des communicateurs du campus. Nous avons regroupé, au pavillon Alphonse-Desjardins, le personnel œuvrant à la communication et au recrutement au sein d'une nouvelle direction des affaires publiques. Le site web " ulaval.ca " est en voie d'être refondu, tout cela afin de nous doter des outils essentiels à un meilleur positionnement de notre établissement.

Le Service de placement a continué à très bien performer au cours des récentes années. Il a été proclamé le meilleur service de placement universitaire au Canada l'an dernier, d'après un sondage effectué pour le cahier University Report Card 2005 du Globe & Mail. Pour leur part, nos étudiants étrangers ont enfin accès à des emplois rémunérés hors-campus, ce qui, je l'espère, favorisera la venue d'un plus grand nombre d'entre eux chez nous.

Parallèlement, nous avons participé à la réorganisation de la Fondation de l'Université Laval et relancé la grande campagne de financement De toutes les révolutions, qui, je le mentionne en passant, va bien. Au moment où je vous parle, nous avons largement dépassé les deux tiers de l'objectif. L'ADUL a continué à animer et à développer son réseau des clubs de diplômés au pays et dans le monde, et contribué à implanter la Journée de l'appartenance. Enfin, pour soutenir nos efforts de recrutement et de rayonnement, nous avons élaboré une nouvelle campagne de publicité. Bref, nous avons mis en œuvre une coordination générale plus efficace de notre communication.

Je me réjouis de voir que nos professeurs, que ce soit en recherche arctique, en psychologie, en médecine, en science politique ou autres sont de plus en plus présents dans les médias pour partager leur savoir avec nos concitoyens. Ces présences sont importantes pour le rayonnement de l'Université, et j'exprime ici toute la reconnaissance de l'Université à tous ceux et celles qui acceptent de répondre ainsi aux médias.

Nos efforts en communication sont fructueux. Dans un contexte démographique difficile, la population étudiante a continué de croître légèrement. De plus, on parle largement de nous et de nos recherches. En 2005, en excluant le mois de juillet et ce qui est relié à la grève étudiante, il y a eu 6 224 mentions de l'Université Laval et de ses résultats de recherche dans les médias d'ici et d'ailleurs, du Soleil à La Presse, de Radio-Canada à Global, du Vancouver Sun au Globe & Mail, du Courrier Mail de Brisbane au New York Times ou au Times of India. Cela veut dire qu'à chaque jour, 7 jours par semaine pendant 300 jours l'an passé, il y a eu dans les médias d'ici et d'ailleurs quelque 20 mentions de l'Université Laval et de ses réussites.

Nous rayonnons beaucoup plus qu'on ne le croit généralement. Pendant le premier trimestre de 2006, les mentions de l'Université Laval dans les médias se sont accrues de 29% par rapport à la même période en 2005; cette augmentation se fait sentir dans tous les segments, mais elle est plus importante dans les médias à l'extérieur de la région de Québec, notamment hors Canada. Je crois plus que jamais essentiel de poursuivre, sinon d'accroître la mise en valeur de nos réalisations.

Qui dit rayonnement, dit en même temps efforts pour convaincre nos partenaires, nos futurs étudiants et professeurs, et la société qui nous appuie, de la valeur et de l'importance de ce que nous sommes et de ce que nous faisons en formation et en recherche. À court terme, nous poursuivrons nos campagnes publicitaires tant pour ce qui est du recrutement que de l'image institutionnelle. À moyen terme, une fenêtre exceptionnelle s'ouvrira en 2008, avec les célébrations du 400e anniversaire de fondation de la ville de Québec. Déjà, des équipes se sont mises au travail chez nous pour préparer la présence de l'Université dans le cadre de ces fêtes. Ce travail est avancé ici à l'Université, et avec la Société du 400e. Sous peu, nous serons en mesure d'annoncer les modalités de notre participation à cet événement exceptionnel.

Ce rayonnement accru, il faut le répéter, est nécessaire pour attirer ici les étudiants et étudiantes aux trois cycles, les professeurs et les employés essentiels à la poursuite du développement de l'Université Laval et de sa mission. Il est essentiel aussi à la réussite de notre campagne de souscription, et au développement du sentiment d'appartenance chez nos diplômés. Tous les motifs que vous et moi avons d'être fiers de l'Université Laval doivent être partagés par le plus grand nombre qui soit.

GÉRER DE FAÇON RESPONSABLE

Un mot, enfin, de notre gestion. Depuis 2003, nous avons fait, en matière budgétaire, des choix prudents et, à mon avis, adéquats. Nous n'avons pas eu de déficit des opérations courantes depuis trois ans, en dépit d'un sous-financement particulier de 11 M$ reconnu par tous. Cependant, les caisses de retraite créent une pression financière et, il y a la question de la dette. Pour ceux d'entre vous qui n'auraient pas suivi tous les débats entourant la situation financière de l'Université Laval, je vous la résume très simplement de la façon suivante : le coût annuel de la dette accumulée représente environ 1 % de notre budget, et le réinvestissement annoncé nous permettra de maintenir l'équilibre budgétaire.

La rigueur financière à laquelle nous nous sommes astreints depuis plusieurs années fait en sorte que notre performance relative dans le réseau universitaire s'améliore. Vous avez vu, comme moi, que toutes les universités québécoises sont en déficit cette année. Nous avons donc fait les choix nécessaires pour que l'Université Laval continue à se développer et soit en meilleure position à l'avenir. Nous avons aussi posé un geste important en 2005-2006 : nous avons créé la Commission d'examen des processus de gestion, commission présidée par Me Pierre Delisle, un membre externe de notre Conseil d'administration et du Comité exécutif.

Quelles sont les perspectives à court et à moyen terme en gestion ? En 2006-2007, une année chargée s'ouvre devant nous. Au plan des immeubles, l'Université encadrera des travaux de construction (le nouveau pavillon Vandry et les Serres à haute performance), accélérera le programme de mise aux normes des pavillons et enclenchera un programme d'efficacité énergétique. Bien sûr, nous soutenons activement le dossier de l'agrandissement du PEPS, et nous poursuivrons la rénovation des résidences entreprise il y a 5 ans.

Nous devons maintenir une gestion prudente et rigoureuse. Dès cet automne, nous établirons les paramètres budgétaires pour 2007-2008. Nous gardons à l'esprit l'idée que nous devons rembourser la dette tout en maintenant notre capacité de nous développer. Nous mettrons aussi au point une nouvelle formule de répartition du budget entre les facultés et l'Université. De plus, j'exercerai une grande vigilance à l'égard du réinvestissement récurrent annoncé, lequel représente environ 10 M$ pour notre institution, et, comme je le disais dans mon récent message à la communauté, probablement plus, puisque l'application de la nouvelle grille de financement devrait nous être favorable.

Enfin, à court et moyen terme, nous attendons avec intérêt le rapport final de la Commission présidée par Pierre Delisle. Entre autres éléments, cette commission nous aidera sans doute à mieux utiliser les ressources du Conseil d'administration et à alléger nos processus administratifs. Elle nous fera également des recommandations en matière de gestion de nos ressources humaines. Son rapport contiendra aussi des recommandations à l'égard du prochain exercice de planification stratégique qui se mettra en branle en juin 2007, planification stratégique qui sera, je l'espère, la plus mobilisatrice possible au sein de notre communauté.

Rigueur, prudence, poursuite de notre développement, voilà donc qui résume notre attitude en gestion, une gestion que nous voulons dédiée au service de notre mission.

CONCLUSION

En conclusion, deux mots sont souvent revenus au cours de cette allocution : voir loin. Ils n'ont pas été choisis par hasard. Nous avons tous et toutes la responsabilité de voir venir, de voir loin, de penser l'avenir de l'enseignement supérieur ici, certes, mais aussi à la lumière de la mondialisation des savoirs et des économies, de la concurrence internationale, des nouveaux besoins des étudiants et des employeurs. Ces employeurs se font de plus en plus nombreux à réclamer de leurs employés la connaissance et la maîtrise d'un environnement élargi comprenant des enjeux planétaires scientifiques, sociaux, politiques et culturels. La maîtrise aussi de plusieurs langues.

L'an dernier, dans un discours devant l'Institut C.D. Howe, je rappelais que l'origine de l'Université Laval précède celle de notre parlement et de notre gouvernement. Cela démontrait que les universités ont su évoluer et survivre au cours des siècles parce qu'elles ont su constamment changer et s'adapter. Ces changements ne sont pas nécessairement rapides ou toujours visibles, mais ils n'en sont pas moins très réels. Comme le disait Alvin Toffler, le changement est le processus par lequel l'avenir envahit nos vies.

L'Université Laval prépare l'avenir, et sans renoncer à ses valeurs, elle innove sans cesse. Elle a beaucoup changé ces dernières années, beaucoup plus qu'on ne le pense, et elle va continuer à s'adapter au cours des années qui viennent, parce qu'elle sait faire des choix stratégiques, des choix parfois difficiles. Je suis convaincu qu'elle demeurera la grande université de la ville de Québec et de tout l'est de la province, innovante, adaptable au changement, forte et moderne.

Vous aurez compris, par mes propos et mon enthousiasme, que je souhaite accompagner le développement de notre université au cours des prochaines années. Je vous fais donc part de mon intention de solliciter à nouveau la confiance de la communauté universitaire en avril prochain.

Comme vous, je veux ardemment que l'Université Laval continue d'offrir une formation complète et de haute qualité, dont l'accent international et les stages sont reconnus, et qui demeure une des grandes universités de recherche du pays.

Je désire aussi qu'elle offre à ses étudiants et étudiantes, comme à ses employés et à ses visiteurs, un milieu physique et de travail agréable et dynamique, et qu'elle rayonne largement, ici et au-delà de nos frontières. Je veux qu'elle fasse l'envie du monde entier, et je sais qu'elle est mobilisée pour cela. Je suis sûr que vous partagez tous et toutes ma passion pour cette Université.

Je vous remercie.

 
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