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Allocution prononcée par monsieur Michel Pigeon, recteur de l'Université Laval, à la remise de doctorats honorifiques à MM. Guy Canivet et Paul-André Crépeau, le lundi 20 septembre 2004, à 17 h 00, au Théâtre de la Cité universitaire

Monsieur le Consul général de France,
Messieurs les récipiendaires d'un doctorat honoris causa,
Chers collègues administrateurs et professeurs,
Distingués invités,

En cette année 2004, trois événements marquants pour l'histoire du droit méritent d'être soulignés : la promulgation du Code civil des français (le Code Napoléon), dont c'est le bicentenaire; l'entrée en vigueur du nouveau Code civil du Québec, dont c'est le 10e anniversaire et l'arrivée des premiers étudiants à la Faculté de droit de l'Université l'Université Laval, dont c'est le 150e anniversaire.

L'Université Laval et sa Faculté de droit saisissent cette occasion exceptionnelle pour décerner deux doctorats d'honneur à des personnes dont la carrière juridique remarquable et exemplaire sont des modèles et une source d'inspiration. J'ai nommé Guy Canivet et Paul-André Crépeau.

Monsieur Guy Canivet occupe la fonction de premier président de la Cour de cassation de France. Premier magistrat de France, M. Canivet assume également la présidence du Comité d'organisation pour les célébrations du 2e centenaire de la promulgation du Code civil des français.

Monsieur Paul-André Crépeau est professeur émérite à l'Université Mc Gill. Sa contribution insigne à la réforme du droit civil québécois est telle qu'il peut être décrit à juste titre comme le grand artisan de l'avènement du nouveau Code civil québécois.

Mais avant de retracer le parcours remarquable de ces personnalités éminentes que l'Université Laval se réjouit d'accueillir parmi ses diplômés, permettez-moi d'avancer quelques réflexions.

La mission fondamentale de l'université est de veiller à l'avancement et à la diffusion du savoir, par l'enseignement, par la recherche et par le transfert de connaissances à la société dont elle est partie prenante.

Aujourd'hui, plus que jamais, l'université fait face à une réalité qui lui commande de redéfinir et d'actualiser son rôle, sa fonction, sa place dans l'espace de la production et de la diffusion des savoirs - j'allais presque dire : dans l'industrie du savoir...

Aujourd'hui, plus que jamais, " l'institution universitaire se trouve dans la position exposée de cheville entre deux antagonistes, celle de la continuité et celles de l'innovation (1)", pour reprendre le mots de Pierre Buhler au sujet de la place de l'université dans un contexte de mondialisation des économies et des savoirs.

Il lui faut donc faire à face une conjoncture marquée autant par une intense compétitivité que par l'internationalisation de l'offre et de la demande. Il lui faut s'adapter, s'ajuster, se positionner afin de répondre adéquatement aux nouveaux besoins en matière de haut savoir. Le développement de la formation continue et de la formation à distance sont exemplaires du type d'actions à entreprendre à cet égard. L'institution universitaire est à un tournant de son histoire, et il lui faut savoir prendre le virage qui s'impose.

Néanmoins, en cette époque de transition et de transformation, il est tout de même rassurant de savoir, que " [d]e toutes les institutions qui existaient dans le monde occidental en 1520, il n'en reste aujourd'hui que quatre-vingt-cinq : l'Église catholique, les Parlements de l'île de Man, d'Islande et de Grande-Bretagne, plusieurs cantons suisses et quelques soixante-dix universités. [...](2) " On le voit, l'université a très bien su s'adapter au cours des cinq derniers siècles, et je suis persuadé qu'elle continuera à le faire avec succès au cours des décennies et des siècles à venir..

Nous sommes loin des préoccupations qui animaient les fondateurs aux premiers jours de l'Université Laval, mais les objectifs étaient les mêmes : assurer une formation de qualité dans une université " grande et forte [qui] attire de loin les élèves par la renommée de son enseignement [...](3) ". Je rapporte ici les propos de Monseigneur Louis-Jacques Casault, premier recteur de l'Université Laval, lors de l'inauguration officielle de l'Université le 21 septembre 1854.

L'histoire a donné raison à Mgr Casault et c'est, en 2004, une université tout à fait à la mesure des ambitions de ses fondateurs, une université prête à relever les défis des prochaines années, qui décerne aujourd'hui un doctorat d'honneur à deux très grands juristes.

Monsieur Canivet, Monsieur Crépeau, l'Université Laval est fière de rendre un vibrant hommage à l'excellence de votre œuvre et à votre contribution extraordinaire au domaine du droit. C'est un honneur pour nous de vous accueillir parmi nos diplômés.

Je vous remercie.

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1. Pierre Buhler, " Universités et mondialisation ", dans Commentaire, no 106, été 2004, p. 345.
2. Ibidem.
3. Le Journal de Québec, 23 septembre 1854, p. 2.

 
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