entete Université Laval

Allocution du recteur de l'Université Laval,
M. Michel Pigeon, à la réception du
Prix de Reconnaissance du Petit Séminaire de Québec,
le dimanche, 14 novembre 2004, au Petit Séminaire de Québec.

Monsieur le Supérieur,
Monsieur le président de l'Amicale,
Messieurs les Professeurs,
Chers amis anciens et anciennes du Petit Séminaire,

Je suis très touché du geste que l'Amicale du Petit Séminaire de Québec pose à mon endroit en me décernant le Prix reconnaissance 2004 dans la catégorie des anciens et anciennes de 40 ans et plus. Je félicite chaleureusement le Docteur Éric Vigneault qui se mérite ce même prix pour le groupe des 40 ans et moins.

J'ai lu, dans la documentation qui m'a été envoyée, que le prix Reconnaissance est décerné à un ancien pour reconnaître sa réussite et son excellence, en faire un modèle pour les générations montantes, inciter l'attachement des anciens et anciennes à leur Alma Mater et procurer une visibilité au Petit Séminaire de Québec.

En réfléchissant à ce que je vous dirais ici aujourd'hui à l'invitation de votre président, je me suis arrêté à la question des valeurs. En effet, je crois pouvoir affirmer que si je suis devenu ce que je suis aujourd'hui, c'est en bonne partie en raison des valeurs que m'ont transmises mes parents et le Petit Séminaire. Dans mon cas, la cohérence entre l'éducation reçue à la maison et celle reçue au Séminaire est parfaite. Je rappelle que mon père a été étudiant au Petit Séminaire de 1917 à 1925, et moi-même de 55 à 63.

Dans le document préparé l'an dernier qui présente Orientations stratégiques de l'Université Laval pour la période 2003-2007, on précise les quatre valeurs qui fondent son action : l'excellence de la formation de ses étudiants et étudiantes, l'innovation créatrice, l'attention constante aux besoins de la société et le respect des personnes et de leurs compétences. Là encore, il faut y déceler l'influence de mon éducation. Mais quelles sont ces valeurs qui m'ont été inculquées ici ? J'en évoque avec plaisir un certain nombre.

D'abord, il y a le respect du travail, le goût du travail bien fait. Le travail est la principale activité humaine, et c'est une activité d'une grande importance sociale. C'est Diderot qui écrivait que " le travail, entre autres avantages, a celui de raccourcir les journées et d'étendre la vie. " Combien vrai…

Ensuite, il y a le respect des autres. Au Séminaire, les prêtres nous appelaient
" Monsieur ", pratiquant quotidiennement à leur façon ce respect des personnes, de leurs différences, et nous incitant de ce fait même à les imiter. Dans un monde où nous sommes de plus en plus interpellés par les autres cultures, cette valeur n'est-elle pas particulièrement importante ?

Troisièmement, il y a le goût et le plaisir d'apprendre, d'étudier, de connaître, de se cultiver. Cette valeur entraîne tout naturellement dans son sillage le plaisir de la lecture et de la vie intellectuelle. Je témoigne de la véracité de l'adage voulant qu'on ne s'ennuie jamais, un bon livre à la main, adage que répétait souvent ma mère. Et en passant, un bon livre, ça se relit… Cela aussi, les prêtres du Séminaire le disaient souvent.

Je place aussi au rang des valeurs acquises ici l'importance de la réflexion, de l'analyse, de la compréhension, bref, de l'utilisation de ses lobes frontaux, plutôt que de se laisser guider par son hippocampe, siège des réactions immédiates. Quand un problème se pose, ma première idée est toujours de réfléchir avant d'agir. Dieu sait que mon père insistait aussi là-dessus ! " Je n'y ai pas pensé…" n'était pas d'une grande utilité face à mes parents !

Enfin, il y a deux autres valeurs que je souhaite mentionner. D'abord, j'ai appris ici et à la maison à vaincre les difficultés, à ne pas me laisser abattre. On m'a donc enseigné la détermination, la ténacité, qualités qui, je crois, m'ont bien servi. Celles-ci nécessitent bien sûr une certaine force, mais cette force doit être accompagnée d'humilité. On n'est pas toujours gagnant, n'est-ce pas, et il faut aussi savoir l'accepter.

Finalement, je termine en vous citant l'amour du français, le respect de notre belle langue qui est et demeurera un héritage précieux. Stendhal écrivait que le premier instrument du génie d'un peuple, c'est sa langue. Voilà une phrase qu'on ne répétera jamais assez.

J'ai été, vous vous en doutez bien, très heureux au Petit Séminaire de Québec. Passionné par l'histoire, j'ai finalement été emporté par la chimie et la physique vers le génie civil et l'enseignement universitaire. Le reste, comme on dit, c'est de l'histoire, sans jeu de mots.

Je dois beaucoup au Séminaire de Québec, aux prêtres et autres enseignants qui m'ont fait cheminé, qui m'ont ouvert l'esprit et communiqué leur passion. Je veux donc leur exprimer toute ma reconnaissance en disant tout simplement que le succès de ma carrière, c'est un peu et beaucoup le leur, comme c'est celui de l'éducation reçue à la maison.

Aristote a écrit que " les racines de l'éducation sont amères, mais les fruits en sont doux. " Pour ma part, même les racines sont demeurées douces. Je vous remercie de votre attention.

 
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