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" Investir dans le savoir : il faut…le faire ! " - Allocution du recteur de l'Université Laval, M. Michel Pigeon, à l'occasion de la soirée des Grands Investisseurs, le mercredi 3 novembre, 19 h 30,
au Théâtre Le Capitole de Québec

Monsieur Bell,
Chers collègues de l'Université Laval,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

Lorsque Michel Bell m'a demandé de vous adresser la parole, j'ai accepté avec beaucoup d'enthousiasme. Monsieur Bell, pour ceux et celles qui ne le sauraient peut-être pas, est d'ailleurs l'un de nos grands diplômés et nous sommes très fiers de lui à l'Université Laval.

Vous comprendrez que de m'offrir, comme il l'a fait, la possibilité de parler à un auditoire aussi sélect d'un sujet qui me tient autant à cœur, c'est-à-dire mon université (mais je devrais dire votre université), signifiait qu'un refus de ma part était impensable. C'est donc ainsi que je me retrouve devant vous ce soir pour vous parler de l'institution que je dirige.

L'Université Laval est une grande " entreprise " du savoir aux multiples retombées pour notre région comme pour toutes les régions de l'est du Québec, et même au-delà. L'Université Laval est une organisation mondialement reconnue pour son excellence dans à peu près tous les champs de recherche et de formation. L'Université Laval est une grande institution, tout aussi novatrice et tournée vers l'avenir qu'elle est solidement ancrée dans une histoire vieille de près de trois siècles et demi.

J'ai intitulé mon propos, non sans un brin d'humour : " Investir dans le savoir : il faut…le faire ! " Je m'explique. Depuis quelques années, on entend beaucoup parler de l'économie du savoir, de la société du savoir. Certains évoquent même, dans une métropole située à 250 kilomètres à l'ouest d'ici, le concept de " ville du savoir ".

À mon avis, cette expression est un peu réductrice, ce qui risque d'en diluer le sens et fait abstraction d'une bonne moitié de l'équation. Car elle omet de refléter toute la dimension, voire même la présence du secteur privé, celui qui met en œuvre ce savoir, le traduit en termes concrets, l'actualise, le transforme en ressources et crée de la richesse. C'est pourquoi j'estime qu'il faut passer du seul " savoir " au " savoir-faire ".

Ce concept élargi souligne en même temps l'importance pour l'Université de travailler en partenaire actif, je dirais même interactif avec le secteur privé, de favoriser des liens de réciprocité mutuellement avantageux qui font qu'elle est véritablement ouverte sur son milieu, sur la société et sur le monde, qui font qu'elle est une institution citoyenne responsable et engagée.

Il y a à peine quatre ans, nous avons changé de siècle et même de millénaire. Désormais, les technologies de l'information sont dans nos entreprises, dans nos maisons, dans nos vies. Et ce, pour y rester. Elles sont en train de révolutionner à tout jamais le rapport que l'individu entretient avec la connaissance.

Tous les pays, petits et grands, qu'ils soient industrialisés ou en développement, sont confrontés à une même réalité, à une même exigence qui requiert, plus que jamais, des citoyens instruits, une main-d'œuvre qualifiée et capable de faire face à des tâches toujours plus complexes et surtout en constante évolution.

Alors que les transformations de nos façons de faire nous interpellent et nous obligent à fonctionner différemment, il est intéressant d'observer que certaines entités réussissent mieux que d'autres à résister aux vagues successives de changement qu'amène le temps. Les universités font partie de ce groupe restreint d'organismes survivants. En effet, de toutes les institutions qui existaient dans le monde occidental en 1520, il n'en reste aujourd'hui que quatre-vingt-cinq : l'Église catholique, les Parlements de l'île de Man, d'Islande et de Grande-Bretagne, plusieurs cantons suisses, et quelques soixante-dix universités. L'université a très bien su s'adapter au cours des siècles.

Le mot-clé, ici, c'est : " s'adapter ". Qui dit adaptation, dit attention aux contextes, aux circonstances, aux besoins du milieu. Cela est vrai pour les universités comme pour toute entreprise. Et c'est dans cet esprit que l'Université Laval croit en l'importance de bien arrimer le " savoir " et le " faire ". Permettez-moi d'illustrer mon propos par quelques exemples.

L'Université Laval reçoit annuellement environ 250 M $ en fonds de recherche de toutes provenances. Près de la moitié de cette somme est consacrée à la recherche faite avec le secteur privé en vertu de contrats et de partenariats intervenus entre nos chercheurs et quelque 400 entreprises. Il s'agit là d'un des taux les plus élevés au sein des universités canadiennes. Autre reflet de notre capacité d'adaptation et d'attention aux besoins du milieu : nos activités de formation continue sont passées en quelques années seulement de 3% à 15% de notre chiffre d'affaire annuel.

La raison de ce succès est simple et elle s'explique par deux phrases tirées d'un document intitulé La passion de la réussite qui présente nos grandes orientations stratégiques : " l'Université Laval est enracinée dans son milieu, […] elle est à l'écoute de ses besoins et […] elle interagit avec lui ", et, seconde phrase, " la société attend de l'Université que ses recherches soient, à moyen ou à long terme, bénéfiques aux plans social, culturel, technologique et économique. "

L'Université doit donc favoriser un continuum entre la recherche fondamentale, la recherche appliquée et le transfert concret des connaissances. L'Université Laval croit au caractère utile de la recherche pour l'avancement de la société. Elle doit donc maintenir des liens étroits avec le milieu et s'assurer que, dans le respect de la propriété intellectuelle, les applications des travaux des chercheurs contribueront au progrès collectif. On ne doit pas se surprendre, dans ce contexte, que la semaine dernière, l'Université Laval et ses principaux partenaires de l'industrie canadienne de la tourbe aient reçu un prix national Synergie soulignant la collaboration entre l'université et l'entreprise dans un projet de recherche sur la restauration des tourbières.

J'en profite d'ailleurs pour souligner à ce sujet le travail des recteurs qui m'ont précédé. Jean-Guy Pâquet, Michel Gervais et le regretté François Tavenas ont su repousser nos limites pour faire de l'Université Laval une des grandes universités sur la scène nationale et internationale. Le résultat de leur travail et de celui de tous ceux et celles qui les ont aidé, chercheurs, professeurs, administrateurs et entrepreneurs, a fait de notre établissement un des plus importants acteurs du développement de la zone économique Québec Chaudière-Appalaches. Les entreprises dérivées de la recherche faite à l'Université Laval sont la principale source de diversification de notre économie régionale.

Nous avons inauguré, il y a trois semaines, l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels, l'INAF dans notre jargon, un de nos plus récents fleurons de calibre mondial. La recherche dans ce secteur de pointe qu'est le bio-agroalimentaire est la base d'un marché annuel de plusieurs milliards de dollars au Canada seulement. Notre savoir doit, incontestablement, devenir du " savoir-faire ".

Nous achevons la construction sur le campus d'un Centre de recherches sur la seconde transformation du bois. Là encore, seule l'innovation, dans ce domaine comme dans tous les autres, nous permettra de dépasser le stade de la première ressource, le bois d'œuvre, et de concurrencer ainsi les autres pays producteurs et de franchir certaines barrières tarifaires. Je pourrais vous faire la même démonstration dans des domaines aussi variés que l'obésité, l'optique-photonique - un autre pavillon de recherche sera bientôt construit dans ce domaine - ou le génie des eaux.

Mais il n'y a pas que dans la recherche que se traduit notre volonté de rapprocher le " savoir " et le " faire ". La préoccupation de dépasser la seule acquisition du savoir se manifeste aussi dans la formation que nous offrons. À cet égard, nous cherchons non seulement à adapter nos programmes, mais nous les enrichissons continuellement en fonction de besoins sectoriels et régionaux évolutifs. C'est précisément pour cela que la formation à l'Université Laval se préoccupe de l'acquisition de ces compétences que sont, par exemple, le travail d'équipe, la communication, l'apprentissage de l'anglais comme langue seconde, l'ouverture à l'international et ainsi de suite.

Aujourd'hui, plus de sept cents de nos étudiants vont à chaque année effectuer un stage d'au moins un trimestre à l'étranger pour leur ouvrir des horizons nouveaux et parfaire leur formation par une expérience internationale.

Nous avons également introduit dans nos programmes le Profil entrepreneurial qui permet à nos étudiants de se donner les outils pour mettre au monde eux-mêmes leur propre entreprise, et ce, quel que soit leur domaine d'activité. De la même façon, nous avons créé FACTO, la première entreprise d'entraînement pédagogique de niveau universitaire au monde, qui donne à nos étudiants une chance unique de tâter le marché international et d'effectuer à la fois un stage pratique en entreprise, tout en demeurant à l'Université. Ces efforts commencent à être reconnus. Dans un rapport intitulé " Report of a national Study on Entrepreneurship Education 2004 " réalisé à l'Université Brock, on lit que " en terme d'étudiants, l'Université Laval arrive en tête du palmarès des universités canadiennes pour l'année 2003/2004 avec 2 347 étudiants inscrits à un cours en entrepreneurship, tous secteurs confondus. "

Je pourrais aussi vous entretenir longuement de notre ambitieux et vaste programme de stages crédités, qui permet à nos étudiants de découvrir le volet " faire " du savoir qu'ils acquièrent. Et, avis aux intéressés, notre École de langues peut déjà vous offrir les cours de mandarin que vos affaires avec la Chine exigeront de vous…

Mais je sens que le temps avance, et je ne voudrais surtout pas m'interposer plus longuement entre l'éloquence reconnue de Michel Bell et la musicalité non moins appréciable du pianiste Steve Barakatt et de son orchestre.

Qu'il me suffise de conclure en vous disant que Laval, la première université francophone en Amérique et la deuxième plus ancienne après Harvard, est résolument tournée vers l'avenir tout en demeurant fidèle à ses valeurs fondamentales de créativité et de liberté.

Nous sommes un établissement de choix. À vous, grands investisseurs, je peux affirmer avec fierté, enthousiasme et confiance que nous sommes également un partenaire de choix.

Investir dans l'Université Laval, investir avec nous dans nos grands projets d'avenir, constitue, je crois, la garantie d'un retour certain sur votre investissement : celui du développement, de la croissance et de la santé sociale, économique et culturelle de notre ville et de notre région; celui d'un avenir meilleur pour ceux et celles qui viendront après nous. En tant que PDG de la boîte, je vous invite d'ailleurs à communiquer avec moi en tout temps.

Nous sommes, je le répète, une grande entreprise du savoir préoccupée par le savoir-faire. Comme le suggère le titre de mon allocution : investir dans le savoir…il faut le faire ! Alors faisons-le ensemble !

Je vous remercie.

 
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