entete Université Laval

Déclaration d'ouverture du recteur de l'Université Laval,
Monsieur Michel Pigeon, à la présentation de l'établissement à la Commission parlementaire qui étudie la qualité, l'accessibilité et le financement des universités québécoises, le mardi, 24 février 2004

Monsieur le Président de la Commission parlementaire,
Monsieur le Ministre de l'Éducation,
Mesdames et Messieurs les Députés membres de cette commission,

Merci de nous recevoir aujourd'hui et de nous entendre à propos de la qualité, de l'accessibilité et du financement des universités québécoises. Permettez-moi de vous présenter les personnes qui m'accompagnent ce matin. Il s'agit de M. Claude Godbout, vice-recteur exécutif et vice-recteur à l'administration et aux finances; de Mme Christiane Piché, vice-rectrice aux études et de M. Raymond Leblanc, vice-recteur à la recherche.

En tout premier lieu, je veux vous remercier, au nom de son épouse, de sa famille et de ses enfants, des bons mots que vous avez tous et toutes eus la semaine dernière à l'égard du regretté François Tavenas. La lettre qu'il vous a fait parvenir, Monsieur le Ministre, est une illustration on ne peut plus éloquente de la perte immense que nous avons tous subie en raison de son décès prématuré.

Deuxièmement, je veux dire que l'Université Laval appuie sans réserve le mémoire de la CREPUQ et les demandes pressantes de refinancement qu'il contient. Même si, selon François Tavenas, " les universités québécoises sont remarquablement performantes ", le gouvernement québécois doit se fixer comme objectif de permettre aux établissements québécois de rejoindre le niveau de financement des universités des autres provinces canadiennes. Nous en sommes maintenant rendus à un point où nous devons impérativement nous préoccuper du maintien de la qualité de la formation dans nos établissements.

Comme vous avez pris connaissance de notre mémoire, et que nous n'avons qu'une petite heure à passer ensemble, je limiterai donc le plus possible mon intervention d'ouverture pour laisser plus de temps aux échanges entre nous.

Le ministre de l'Éducation déclarait la semaine dernière ce qui suit, et je cite : " Nous n'avons surtout pas à (…) confisquer le terrain de la discussion en y formulant (…) des prises de position qui auraient pour effet de rétrécir ou de freiner le débat. " Fin de la citation. C'est la vision qui a guidé notre réflexion pendant la préparation de notre mémoire.

Dans notre document, les premiers chapitres s'attachent directement aux thèmes du document de consultation et à la question du sous-financement spécifique à l'Université Laval. Ces chapitres sur l'enseignement, la recherche, le financement des universités et la situation particulière de l'Université Laval s'inscrivent dans une perspective d'action, et mettent en relief le besoin très réel de financement des universités comme de notre établissement. Le dernier chapitre de notre mémoire, conçu dans une perspective de long terme, se veut le fruit d'une réflexion ouverte, où nous tentons de sortir d'un certain cadre établi qu'en général, on n'ose pas ou on ne pense pas remettre en question. Par cette section à la fin de notre mémoire, nous espérons simplement susciter une réflexion afin que le réseau universitaire québécois serve encore mieux la collectivité.

Les membres de notre Conseil universitaire, réunis pour commenter le document de consultation, de même que les nombreux groupes et personnes rencontrées systématiquement dans notre communauté depuis des mois, ont largement alimenté ce mémoire. Celui-ci reflète donc les grandes préoccupations de la communauté universitaire de Laval, incluant cette question de la course au recrutement étudiant imposée à tous les établissements par une formule de financement dont certains effets sont devenus malsains. En un mot, l'Université Laval souhaite davantage de collaboration entre les établissements d'enseignement supérieur.

Au sujet de l'enseignement, nous affirmons, à l'instar du Conseil de la science et de la technologie, que la qualité de la formation universitaire repose, entre autres éléments, sur un meilleur arrimage entre les collèges et l'université. En recherche, nos propos découlent de notre conviction que toutes les universités québécoises, et peut-être plus particulièrement les trois grandes universités de recherche que sont McGill, Montréal et Laval, sont très proches d'un seuil critique au-delà duquel leur performance remarquable jusqu'ici commencera à souffrir d'un financement nettement inadéquat. Faire toujours plus avec toujours moins est une formule facile qui comporte d'évidentes limites.

Du côté du financement, c'est notre devoir de mettre en relief que l'Université Laval, qui n'est ni à Montréal, où la démographie favorise l'accroissement des populations universitaires, ni en région, où existent déjà des mesures particulières de soutien aux établissements, subit des sous-financements qui lui sont propres. Nous demandons au gouvernement québécois une correction de 11 M$ de ce sous-financement dès l'année 2004-2005. Nous signalons aussi dans notre mémoire que le gel actuel des droits de scolarité signifie en réalité que ces droits diminuent annuellement en dollars constants. Nous proposons donc de mettre fin au tabou sur cette question, en indexant les droits de scolarité actuels au coût de la vie et en rattrapant l'inflation survenue depuis 1995. Nous ne suggérons pas toutefois de rejoindre la moyenne canadienne des droits de scolarité, afin de ne pas nuire à l'accessibilité.

Enfin, nous croyons qu'après plus de 30 ans de développement, il serait bon de jeter sur le système lui-même un regard critique afin d'en améliorer la cohérence dans l'organisation, d'en accroître l'efficacité au service de la société et surtout, d'y insérer des mécanismes favorisant à tous égards - y compris dans le financement - beaucoup plus de collaboration et de concertation entre tous les établissements universitaires du Québec. Il y a bien évidemment de nombreuses façons d'examiner cette question. Nous en avons proposé une. Il appartiendra à l'ensemble des intervenants de choisir la plus appropriée. Mais nous tenions à faire cette réflexion afin de sensibiliser les autorités du ministère de l'Éducation à certaines préoccupations - en particulier les contraintes liées à la course au recrutement - exprimées par la communauté universitaire de Laval.

Voilà donc, Mesdames et Messieurs les membres de la Commission parlementaire, les principaux éléments de notre mémoire que je désirais présenter en ce début de rencontre. Je disais à cette même commission, en septembre dernier, ce qui suit : " Les universités au Québec sont fortes, soyez-en fiers, mais elles ont besoin d'aide. " Je reprends cette phrase aujourd'hui, en pensant à tous les établissements universitaires du Québec qui réalisent un travail remarquable dans un contexte particulièrement ardu, et qui sont des institutions essentielles non seulement au progrès de leur coin de pays, mais de tout le Québec.

Je dois, malheureusement, ajouter que si un refinancement substantiel n'est pas bientôt au rendez-vous comme le rappelaient la CRÉPUQ et les intervenants qui se sont exprimés ici la semaine dernière, c'est tout le réseau universitaire qui en pâtira en termes de qualité et d'accessibilité, donc le Québec tout entier.

Je m'arrête ici et, en compagnie de mes collègues, je suis disposé à répondre à vos questions.

 
visitez
ulaval.ca
© 2009 Université Laval, tous droits réservés