entete Université Laval

Allocution de M. Michel Pigeon, recteur de l'Université Laval, à l'occasion de la collation des grades de la faculté des sciences et de génie, le dimanche 8 juin 2003, à 16 h 30,
au Stade couvert du PEPS

Monsieur le Secrétaire général,
Messieurs les Professeurs émérites,
Distingués invités,
Chers collègues,
Chers diplômés,

Vous voir réunis ici en si grand nombre cet après-midi a de quoi réjouir le recteur que je suis. J'ose espérer que, pour vous aussi, c'est un moment heureux, comme lorsqu'on arrive à bon port après un long voyage.

Chers diplômés, vous voici en effet au terme de plusieurs années d'études, vous voici au point d'arrivée d'un trajet qui a demandé de la détermination, de la créativité, du courage même. Aujourd'hui, vous êtes récompensés de ces longues heures d'étude et de travail en laboratoire. Dans quelques instants, vous aurez en main la preuve de votre réussite.

Certains d'entre vous continueront leurs études aux cycles supérieurs. Je vous encourage à le faire. La recherche dans vos domaines disciplinaires connaît un développement accéléré. Vous aurez alors la chance de repousser les limites du savoir, comme en astrophysique; de concevoir de nouvelles solutions technologiques, comme en photonique; de mettre au point de nouveaux modes de production, comme en génie mécanique. La recherche en géologie vous permettra une meilleure compréhension de notre planète; la recherche en biologie, une meilleure compréhension de notre environnement; la recherche en chimie et en biochimie, une meilleure compréhension de la matière. La formation en recherche vous ouvrira également toutes grandes les portes des entreprises dans plusieurs secteurs qui, de l'environnement aux télécommunications, en passant par l'informatique ou les nouveaux matériaux, constituent les fers de lance de l'économie du savoir.

Je voudrais m'adresser maintenant à ceux et celles d'entre vous, la majorité je crois, qui souhaitez amorcer une vie professionnelle et prendre dans la société la place qui convient à vos aspirations et à votre formation. À ce propos, je ne saurais me priver du plaisir de souligner que vous avez choisi des disciplines où, dans l'ensemble, le taux de placement est élevé, tant en sciences pures qu'en sciences appliquées. D'ailleurs, je suis certain que plusieurs d'entre vous ont déjà un emploi qui les attend. En génie informatique, en génie électrique, dans les secteurs de la biotechnologie, des nouveaux matériaux, de l'optique et des télécommunications, on constate même, à cause de l'extraordinaire croissance de l'industrie, une pénurie de main-d'œuvre. Vous, qui possédez cette formation, constituez donc l'avant-garde d'un secteur industriel. Voilà votre chance; profitez-en pleinement.

Mais en même temps que la croissance des secteurs dont je viens de parler, on constate que les problèmes à résoudre sont d'une complexité accrue. Il est donc permis de penser que va s'accentuer la demande de personnel possédant une formation plus diversifiée, plus flexible et une bonne dose de créativité. En raison de la mondialisation, par exemple, les entreprises exigeront des diplômés qu'ils connaissent une ou plusieurs langues étrangères, qu'ils maîtrisent bien les technologies de l'information et de la communication et qu'ils soient ouverts à d'autres réalités économiques, sociales et culturelles. De ce point de vue, j'espère que vous avez été nombreux à profiter d'un stage d'études dans un autre pays. J'espère surtout que nous pourrons rapidement élargir nos partenariats internationaux pour faire en sorte que, bientôt, tous les diplômés de sciences et de génie aient eu la chance de séjourner dans une université ou une entreprise d'un autre pays.

De grands défis vous attendent, dans lesquels la dimension éthique prend de plus en plus de place - qu'on pense, par exemple, à la création d'intelligences artificielles, à la manipulation génétique, à la détérioration de l'environnement. À titre de professionnels, vous aurez un rôle déterminant à jouer pour assurer à la fois le respect des personnes, le progrès de la société et la conservation de notre planète.

Si l'Université vous ouvre les portes du monde du travail, elle ne vous ferme pas les siennes pour autant. Au contraire, elle peut vous accompagner tout au long de votre carrière.

Ce que vous avez appris ici représente une petite partie de ce que vous pouvez apprendre, mais vous avez appris quelque chose de précieux : vous avez appris à apprendre, qualité essentielle pour réussir dans un contexte de changement. Vous pourrez alors compter sur l'Université Laval pour vous soutenir dans vos efforts de formation continue et de mise à jour de vos connaissances. Vous pourrez même avoir accès à une formation sur mesure, correspondant étroitement aux besoins particuliers du groupe, de l'ordre professionnel ou de l'entreprise dont vous ferez partie.

Chaque fois que vous aurez besoin d'elle, votre alma mater vous accueillera les bras ouverts.

D'ailleurs, garder ces liens avec vous aidera l'Université Laval à maintenir son niveau d'excellence. Un proverbe chinois dit : "Un maître devient champion seulement si son disciple l'est devenu." C'est vous maintenant qui nous direz comment la société évolue et comment les besoins de formation doivent être ajustés en conséquence. C'est vous qui nous aiderez à maintenir l'excellence de l'Université Laval et sa place parmi les grandes universités au Canada et dans le monde francophone.

L'excellence, voilà le principe sur lequel repose la mission de l'Université Laval.

Maintenir l'excellence des programmes de formation et des travaux de recherche est en effet notre plus grande préoccupation. C'est ce degré d'excellence que l'Université veut mettre en valeur chez quatre professeurs de votre faculté en leur décernant aujourd'hui le titre de professeurs émérites. Permettez-moi de vous les présenter brièvement.

Bernard Aupetit est arrivé à l'Université Laval en 1968 à titre de coopérant militaire. Il obtient un poste régulier en 1970, puis ne tarde pas à faire sa marque en recherche. Il est l'un des membres fondateurs de l'équipe d'analyse du Département de mathématiques et de statistique de l'Université Laval et en assume lui-même la direction pendant de nombreuses années. Cette équipe, toujours active et bien subventionnée, compte maintenant six membres, dont quatre de l'Université Laval.

Bernard Aupetit devient professeur titulaire en 1979, l'année même où il obtient un doctorat d'État ès sciences de l'Université de Paris-Sud. Il connaît une brillante carrière comme spécialiste de l'analyse mathématique, plus particulièrement de la théorie spectrale des opérateurs. Jusqu'à ce jour, il a publié 70 articles dans des revues scientifiques et il est l'auteur de trois monographies spécialisées.

Depuis l'année 2000, ses talents de chercheur et ses aptitudes pédagogiques indéniables permettent à Bernard Aupetit de profiter d'une retraite bien méritée. Tout en continuant ses travaux (il a publié six articles depuis le début de sa retraite), il consacre maintenant plus de temps à ses intérêts littéraires et artistiques. Merci, Bernard Aupetit.

Titulaire de deux baccalauréats et d'un doctorat de l'Université Laval, Pierre-André Bélanger a été professeur au Département de physique, de génie physique et d'optique pendant près de 30 ans. Il a grandement contribué au développement d'équipes de recherche et de centres tels que le Centre d'optique, photonique et laser (COPL) et l'Institut canadien pour les innovations en photonique (ICIP).

Sa production scientifique est considérable : près de 120 publications, plus d'une centaine de communications, dont plusieurs séminaires sur invitation ainsi que quatre brevets d'invention.

Pierre-André Bélanger est reconnu pour ses innovations dans le traitement mathématique de la transmission des ondes électromagnétiques par les systèmes optiques tels les résonateurs lasers et les fibres optiques. Cette réputation, Pierre-André Bélanger la doit aussi à ses travaux dans le domaine des lasers CO2, de l'optique non linéaire et des impulsions brèves.

M. Bélanger a très bien su transposer cette excellence en recherche à ses activités d'enseignement. Au cours de sa carrière, une trentaine d'étudiants des deuxième et troisième cycles ont pu profiter de son engagement, de sa disponibilité et de la qualité de son enseignement.

Membre du comité consultatif sur la recherche et le développement de l'Institut national d'optique (INO), il joue un rôle de premier plan dans les efforts visant à valoriser l'optique et la photonique, en particulier dans la région de Québec, même depuis sa retraite de l'enseignement en 2000. Monsieur Bélanger, l'Université Laval est ravie de vous attribuer le titre de professeur émérite.

La carrière de Robert H. Burnell a débuté à la Jamaïque et au Venezuela au milieu des années 1950, après qu'il eut terminé ses études de doctorat en chimie à l'Université du Nouveau-Brunswick. Il fait alors figure de pionnier lors de la création d'établissements universitaires dans ces deux pays.

Dès son arrivée au Département de chimie de l'Université Laval, en 1964, M. Burnell entreprend la modernisation de l'enseignement de la chimie organique en introduisant les méthodes de spectroscopie alors en plein développement.

Une des réalisations importantes de Robert Burnell est sans contredit la formation d'étudiants aux deuxième et troisième cycles. Au cours de sa carrière à l'Université Laval, plus de 30 étudiants ont obtenu leur diplôme de maîtrise et de doctorat sous sa direction.

Il a joué un rôle très important dans la formation de la compagnie SiliCycle, une entreprise de haute technologie en pleine expansion de la région de Québec, dont les produits sont vendus partout au Canada et aux États-Unis. En fin de carrière, à l'invitation de l'Agence canadienne de développement international (ACDI), il a effectué une tournée en Indonésie pour aider à l'implantation de nouvelles industries basées sur les produits naturels de ce pays.

Grâce à la qualité supérieure de son enseignement, à la reconnaissance internationale de ses travaux de recherche, il a contribué au rayonnement du Département de chimie et de l'Université Laval dans la région et dans le monde.Monsieur Burnell, l'Université Laval vous dit merci.

En 1949, M. Fathi Habashi obtient un baccalauréat en génie chimique en Égypte, puis, en 1959, son doctorat en chimie minérale appliquée à l'Université de technologie de Vienne, en Autriche. Après un stage postdoctoral à l'Université de Vienne, il arrive au Canada où il décroche une bourse du gouvernement fédéral pour travailler à CANMET. Il enseigne ensuite et travaille dans un centre de recherche aux États-Unis. En 1970, le Département de génie des mines, de la métallurgie et des matériaux de l'Université Laval l'accueille.

Rédacteur infatigable, Fathi Habashi est l'auteur d'une douzaine de livres reconnus à l'échelle internationale et l'éditeur de six volumes, dont le Handbook of Extractive Metallurgy, qui compte 2 500 pages et pour lequel il a rédigé six articles. En plus des quatre brevets industriels qu'il détient, il a écrit plus d'une centaine d'articles scientifiques et une centaine d'autres consacrés à son plus récent sujet d'intérêt, l'histoire de la métallurgie.

La discipline au travail de M. Habashi et son dévouement pour le Département de génie des mines, de la métallurgie et des matériaux sont remarquables. La communauté scientifique n'a pas hésité à reconnaître ses qualités en lui décernant, entre autres, le titre de professeur honorifique, en 1986, à l'Université technique d'Oruro en Bolivie. En 1993, c'est au tour de l'Institut des mines de Saint-Pétersbourg en Russie de lui décerner un doctorat ès sciences honoris causa en reconnaissance de son immense contribution au domaine de la métallurgie. Monsieur Habashi, l'Université Laval est heureuse de vous compter parmi ses professeurs émérites.

Chers diplômés, voilà quatre modèles dont vous pouvez vous inspirer. N'oubliez pas que ces professeurs ont un jour commencé par recevoir un diplôme, comme vous aujourd'hui. Je vous invite aussi à suivre l'exemple de Christian Pellerin, étudiant au doctorat en chimie, qui reçoit aujourd'hui la médaille d'or de la Gouverneure générale, et d'Olivier Côté-Mantha, étudiant au baccalauréat en géologie, qui reçoit la médaille d'argent de la Gouverneure générale. Je laisserai à M. Gilles Kirouac, secrétaire général, le soin de présenter M. Pellerin et M. Côté-Mantha dans quelques instants.

Une cérémonie de cette envergure nécessite, vous vous en doutez bien, une organisation à toute épreuve. Je tiens à remercier le personnel du Bureau du secrétaire général, en particulier celui de la section des diplômes, ainsi que le personnel du Service des communications, pour leur dévouement au cours des dernières semaines. C'est grâce à toutes ces personnes que cette célébration peut se dérouler à la perfection et rester dans votre mémoire comme une grande fête.

Ce discours a assez duré, n'est-ce pas? Je crois sentir votre impatience de tenir enfin le diplôme que vous méritez. Chers diplômés, on dit que la fin des études, c'est le début d'une nouvelle vie. En un sens, c'est vrai. Par contre, vous ne partez pas de zéro. Vous avez accompli quelque chose de difficile, mais quelque chose qui a stimulé votre intelligence, éveillé votre esprit, développé vos talents. Votre potentiel est là, et je vous offre de nouveau mes sincères félicitations pour cette réussite remarquable.

 
visitez
ulaval.ca
© 2009 Université Laval, tous droits réservés