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Allocution prononcée par M. Michel Pigeon, recteur de l'Université Laval, lors de l'annonce de la création du Centre de recherche sur la prévention de l'obésité, le jeudi 6 mai 2004, à 11 h, à l'Amphithéâtre Jean-Paul-Tardif du pavillon La Laurentienne

Monsieur le Directeur général du Centre de recherche en prévention de l'obésité,
Monsieur le Directeur général de l'Hôpital Laval,
Monsieur le président du Conseil d'administration de la Fondation Lucie et André Chagnon,
Monsieur le Directeur du volet prévention de la maladie de la Fondation Lucie et André Chagnon,
Distingués invités,

Nous annonçons aujourd'hui la création du Centre de recherche en prévention de l'obésité. J'en suis très heureux et très fier. Ce beau projet, cette belle réalisation, c'est l'aboutissement d'une idée qui a commencé à germer il y a déjà trois ans.

En effet, le Centre de recherche en prévention de l'obésité (CRPO) a maintenant une existence officielle, mais il s'agit d'un projet longuement mûri. Il s'agit du fruit d'un processus de réflexion et de consultation au cours duquel les trois partenaires, la Fondation Lucie et André Chagnon, l'Hôpital Laval et l'Université Laval ont travaillé de concert à définir, à préciser la mission, la vision et le programme de l'instance que nous voulions créer.
Quand on sait à quel point l'obésité est un des principaux facteurs de morbidité et de mortalité dans nos sociétés riches et sédentaires - on entend parfois même le terme d'épidémie -, on voit à quel point une réflexion s'impose sur le sujet. Par exemple, dans les journaux du mois de mars, on pouvait lire que près de 130 millions d'Américains, soit 64 % de la population, sont en surpoids ou obèses.

Plus encore, une étude du Centre de contrôle des maladies (CDC) du gouvernement américain publiée le 9 mars dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), démontrait que l'obésité et le surpoids causés par la mauvaise alimentation et l'absence d'activité physique pourraient devenir la première cause de mortalité aux Etats-Unis d'ici à 2005, dépassant le tabagisme comme principale cause de décès.L'éditorial du journal notait avec justesse que l'obésité est un problème pour les organismes de santé publique. En effet, dans ce domaine, il est difficile de légiférer, comme dans le cas du tabagisme, par exemple, quoiqu'on commence à parler d'une taxe sur la malbouffe.

L'atteinte des objectifs de santé publique passe donc beaucoup par la prévention. Mais encore faut-il savoir où, comment et auprès de qui intervenir. Et cela ne va pas de soi. Par exemple, contre toute attente, les campagnes de prévention contre le tabagisme à l'école et celle visant à contrer la violence conjugale ont eu un effet contraire à celui escompté !

Nous disposons de beaucoup de données sur les facteurs et les causes de l'obésité, mais nous en savons moins sur les stratégies de prévention. Par sa mission (développer le savoir pour réduire et prévenir l'obésité en se centrant sur les besoins en matière d'intervention), le Centre de recherche sur la prévention de l'obésité ouvre donc le jeu sur une part du problème qui est moins connue : comment intervenir intelligemment sur le terrain, auprès de la population, afin d'obtenir les résultats voulus ? Le programme du CRPO se situe ainsi à la jonction de la recherche et du terrain, le mot clé sur lequel il repose étant la prévention.

Le corps humain est une mécanique complexe, c'est d'ailleurs ce qui fait toute sa beauté. On sait toutefois que l'obésité résulte de la combinaison de trois éléments.

Il y a, bien entendu, l'élément biologique ou physiologique, qui comprend les facteurs génétiques, hormonaux, métaboliques et, ce qu'on découvre de plus en plus, les centres de l'appétit dans le cerveau qui régulent la sensation de faim et de satiété.

Mais le comportement individuel intervient pour beaucoup aussi. Viennent donc ensuite les habitudes alimentaires, l'activité physique, l'hygiène de vie, la santé psychologique, et j'en passe. Le corps humain est programmé pour la pénurie, et nous vivons dans l'abondance. Il est programmé pour chasser, bouger, courir et, aujourd'hui, nous vivons en sédentaires, ce qui n'est rien pour aider. À cet égard, j'ai moi-même fait, il y a quelques années, ma propre révolution en matière de comportement et d'habitudes alimentaires. Et je dois vous dire que la différence s'est fait sentir très rapidement !

Enfin, le comportement social, notre troisième élément, vient aussi jouer en faisant circuler des valeurs qui influencent les habitudes alimentaires. Je pense non seulement à la publicité et à la restauration rapide, mais aussi aux produits qui se retrouvent notre panier d'épicerie, parfois faute de moyens financiers, mais parfois faute de connaissances…Trop de gras, trop de sel, trop de sucre… À ce sujet, je vous mentionne à titre anecdotique que l'industrie de l'alimentation aux Etats-Unis produit deux fois l'ensemble des calories dont la population a besoin.

Lorsqu'on veut intervenir en matière de prévention de l'obésité, la clé du succès repose, bien sûr, sur la manière de cibler la combinaison de ces trois éléments.

Le CRPO s'est donné le mandat d'explorer de nouvelles avenues, de nouvelles façons de faire pour prévenir l'obésité. Comment ? Tout d'abord, et surtout, en travaillant en partenariat. Le CRPO est un organisme tripartite qui réunit l'Université Laval, la Fondation Lucie et André Chagnon et l'Hôpital Laval. C'est d'ailleurs grâce à la générosité de la Fondation Chagnon, qui investira 10 M$, que le projet à pu prendre corps.

Je remercie chaleureusement la Fondation Chagnon, et ses représentants qui sont ici aujourd'hui, d'avoir accepté d'appuyer ce projet. Grâce à sa contribution, l'avancement de la recherche sur la prévention de l'obésité est promis à un bel avenir !

Notre partenariat visera à développer le savoir en matière de prévention. Il visera aussi à créer, et à maintenir, un pôle d'excellence en recherche sur la prévention de l'obésité.

En effet, l'Université Laval possède une expertise de recherche reconnue mondialement dans le domaine de l'obésité et des maladies cardiovasculaires. Je pense ici, entre autres, aux spécialistes en obésité du Centre de recherche de l'Hôpital Laval, à la Chaire Donald B.-Brown de la Faculté de médecine et à l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF). Encore tout récemment, la semaine dernière en fait, une équipe de chercheurs de la Faculté de médecine, dirigée par M. Louis Pérusse est parvenue à identifier un gène qui affecte des comportements reliés à l'obésité.

En terminant, je nous souhaite que le Centre de recherche sur la prévention atteigne pleinement ses objectifs. Avec des assises aussi solides, je suis persuadé que tel sera le cas. Nous pouvons déjà entrevoir les importantes retombées humaines et sociales des travaux de recherche qui s'y dérouleront.

Merci à tous les partenaires, merci à tous ceux qui ont cru en ce projet prometteur et qui l'ont appuyé.

Merci de votre attention.

 
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