entete Université Laval

" L'Université Laval et la Beauce : un lien très fort! " - Allocution de
M. Michel Pigeon, recteur de l'Université Laval, devant les membres
de la Chambre de commerce de Beauce,
Hôtel Le Georgesville, Saint-Georges-de-Beauce,
le mercredi, 26 mai 2004, à midi

Monsieur le Maire,
Madame la vice-rectrice,
Monsieur le président de la Chambre,
Monsieur le directeur général du CUA,
Monsieur le Président de la Commission scolaire.
Mesdames les représentantes des députés,
Invités d'honneur, Mesdames et messieurs,
Chers amis,

Vous me permettrez d'abord de remercier Monsieur Hervé Pomerleau, qui est à l'origine de ma présence ici, ce midi, à votre tribune. Je lui en sais gré, car vous savez comme moi que lorsqu'on demande un service à Monsieur Pomerleau, on peut être certain de la qualité de son engagement et de l'efficacité du résultat.

À chaque fois que je rencontre des Beaucerons ou des Beauceronnes, ils me disent que l'important, ce n'est pas tant de venir en Beauce, mais bien d'y revenir. J'étais ici il y a moins de deux semaines, à la Soirée Reconnaissance du Centre universitaire des Appalaches; me voilà une fois de plus et, pour l'occasion que vous me fournissez ce midi d'échanger avec vous, je vous remercie chaleureusement.

Je veux vous parler de l'Université Laval et du Centre universitaire des Appalaches. Notre université, tout comme votre région, vit une conjoncture qui n'est plus celle qu'évoquait le regretté François Tavenas ici, à cette même tribune, en novembre 1997. Le Québec a évolué; votre région et l'Université Laval aussi!!!

À l'époque de la visite de Monsieur Tavenas, les universités québécoises subissaient un régime de coupures budgétaires extrêmement sévères. C'était l'époque où l'Université Laval acceptait d'encourir un déficit plutôt que de compromettre son développement. C'était aussi l'époque où l'Université Laval, malgré la conjoncture très difficile, faisait preuve à l'endroit du Centre universitaire des Appalaches d'un engagement et d'un soutien solide.

Où en sommes nous, aujourd'hui, en 2004 ? D'abord, du côté de l'appui financier gouvernemental, les universités ont connu trois années de réinvestissement, de 2000 à 2003. Dans notre cas, notre subvention de fonctionnement, qui atteignait 278 M$ en 1993, et qui avait baissé à 208 M$ en l'an 2000, est revenue à peu près au niveau de 1993-1994. Nous espérons que l'année 2005-2006 permettra un accroissement du soutien financier de l'État. Vous savez que dans le cas de l'Université Laval, nous sommes en demande pour un soutien spécifique additionnel de l'ordre de 11 M$ dès cette année, un soutien nécessaire, croyons-nous, afin que notre financement soit aussi équitable que celui accordé tant aux universités montréalaises qu'aux universités situées en région.

Dans ce contexte quand même difficile, l'Université Laval a réussi, en matière de fonds de recherche, à demeurer une des trois plus importantes universités du Québec, et la sixième plus importante au Canada. Car l'Université Laval est une université performante, innovatrice comme elle le démontre avec son profil international ou encore son profil entrepreneurial. Elle est aussi ouverte et créatrice comme jamais. Cela n'a toutefois pas modifié sa situation qui demeure unique au Québec.

En effet, l'Université Laval est la seule grande université de recherche québécoise à être localisée en dehors de la région montréalaise, dans un environnement où la démographie n'est pas en hausse. Elle ne profite ni des revenus accrus provenant d'une croissance des effectifs étudiants comme à Montréal, ni du soutien spécial que l'État réserve aux régions, ce qui complique quelque peu sa gestion, mais qui nous force en même temps à être encore plus créatifs et dynamiques Mais cette situation, (ni ni) et le fait que l'Université Laval est une université complète qui offre pratiquement tous les programmes de formation supérieure, lui créent des responsabilités très particulières de service à l'endroit des régions qui l'entourent, et de toute la partie est de la province, et j'en suis très conscient.

Depuis 1997, il s'est aussi produit un autre changement. En effet, en même temps que le gouvernement réinvestissait dans les universités, il modifiait la formule de financement afin de financer à 100% les croissances - ou de définancer à 100% les décroissances - des populations étudiantes universitaires. L'effet direct de cela, c'est que les universités québécoises sont devenues, au chapitre du recrutement étudiant, très compétitrices - c'est un euphémisme! - dans un marché qui, exception faite de la région métropolitaine de Montréal et de l'Ouest du Québec, ne connaît plus de croissance démographique.

Néanmoins, l'Université Laval compte toujours quelque 37 000 étudiants et étudiantes, ce qui signifie qu'elle réussit à attirer chez elle, en grand nombre, les étudiants et étudiantes, ce qui lui permet de conserver la masse critique dont elle a besoin pour continuer de servir sa région et tout l'Est du Québec. Mieux encore, près de 25% de ses effectifs étudiants sont aujourd'hui aux cycles supérieurs de la maîtrise et du doctorat.

Il n'y a pas si longtemps, au début du mandat de François Tavenas, l'Université Laval espérait atteindre le chiffre de 20% de ses effectifs étudiants inscrits aux cycles supérieurs : cet objectif est largement dépassé, et il faut nous en réjouir, car cela signale une recherche plus intense qui, en bout de ligne, est un puissant stimulant pour le développement économique, comme par exemple en optique photonique, ce qui mène à des hausses mesurables à la fois du PNB et de l'emploi.

Je parlais tantôt de la responsabilité particulière de l'Université Laval à l'endroit de la région où elle est historiquement implantée et de tout l'Est du Québec. C'est pour remplir cette responsabilité que l'Université soutient activement le CUA depuis ses débuts. C'est également pour assumer cette responsabilité que j'ai annoncé hier la décision de consolider notre offre de formation sur le littoral du fleuve par une installation dès septembre prochain à Saint-Romuald.

Nous voulons offrir à nos étudiants et étudiantes de la Rive-Sud non seulement des services de proximité, mais aussi des programmes novateurs en formation initiale et en formation continue adaptée aux besoins du milieu, dans des créneaux comme les technologies et l'environnement. Nous y établirons en quelque sorte une antenne technologique en complémentarité avec la formation déjà disponible à Lévis. Par exemple, la formation universitaire en informatique que nous y offrirons n'existe pas sur la Rive-Sud.

J'ai parlé de consolider notre offre de formation, car l'Université Laval est déjà très présente sur la Rive-Sud de Québec. En formation continue, nous y offrons déjà un programme de certificat en biotechnologie en partenariat avec le Cégep de Lévis-Lauzon, et nous avons un site de l'Université du Troisième Âge à Lévis, auquel participent annuellement des centaines de personnes. Sur la Rive-Sud étendue, nous avons donné en 2002-2003 plus d'une centaine de cours dans une cinquantaine de programmes.

Cette décision annoncée dans le Soleil ce matin a suscité des questions ici. Certains se sont demandés si, en s'implantant à la tête des ponts, l'Université Laval n'affirmait pas du même coup un certain manque d'intérêt pour le Centre universitaire des Appalaches. Il n'en est rien. Je veux vous dire ici publiquement ce midi que cette implantation de l'Université Laval se situe dans le prolongement de notre appui ferme et soutenu, depuis plus d'une décennie, au développement du Centre universitaire des Appalaches, et de son offre de service dans la région de la Beauce et de l'Amiante. J'ajouterais même que c'est notre intention très claire, dans la mesure de nos moyens et de vos demandes, d'accroître notre présence en Beauce et dans la région de l'Amiante.

De fait, que faisons-nous actuellement ici et dans la région de l'Amiante en formation universitaire ? Je rappelle d'abord qu'en 2002-2003, plus de 80 % des crédits-étudiants au CUA provenaient des activités de formation créditée et sur mesure offerte par l'Université Laval . D'autre part, pour mémoire, je rappelle que le certificat en plasturgie est offert entièrement au Cégep de l'Amiante, en collaboration avec ce cégep et l'industrie québécoise. Les cohortes sont de 25 étudiants, et nous en sommes à la cinquième année. Le Baccalauréat en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire se poursuit toujours au CUA, ici à St-Georges.

En sciences infirmières, il a été décidé d'offrir une formation infirmière intégrée, une sorte de continuum DEC-BAC. Les cégeps de Lévis-Lauzon, de Beauce-Appalaches et de la Région de l'Amiante sont membres du consortium de l'Université Laval, et leurs étudiantes et étudiants qui le voudront pourront s'inscrire au baccalauréat en sciences infirmières dans la continuité de leur formation au collège.

Je sais qu'il y a déjà des stages en sciences infirmières dans la région. Mais je veux vous indiquer que de nouveaux stages seront développés en Beauce-Appalaches, et des discussions sont en cours pour offrir certains cours en sciences infirmières en collaboration avec le CUA à compter de septembre 2005. Je précise que l'Université Laval n'offrira pas de formation en sciences infirmières à la tête des ponts.

En outre, une entente est en voie de signature avec le Centre hospitalier Beauce-Etchemin pour augmenter la participation de ce centre hospitalier à la formation des médecins, et pour l'accueil d'infirmières, d'ergothérapeutes, de physiothérapeutes, de nutritionnistes et pour tout autre programme pertinent des sciences de la santé. L'expérience nous a appris, depuis longtemps déjà, que la formation en région est un des meilleurs moyens pour une région de retenir ses professionnels de la santé et d'en attirer de nouveaux.

Maintenant, en regardant l'avenir, que pouvons-nous faire de plus ? J'ai deux idées à vous soumettre. Premièrement, il m'apparaît important de faire reposer le partenariat entre l'Université Laval et la Beauce sur un geste qui soit à la fois pratique et symbolique. Je m'explique.

Au cours des récentes années, l'Université Laval a conclu beaucoup d'ententes de partenariat ou de collaboration dans son milieu régional, par exemple avec la Ville de Québec, le Centre des congrès, le Musée de la civilisation, le journal Le Soleil, etc. Dans tous les cas, cette entente signale clairement la volonté mutuelle des partenaires de se rapprocher et de coopérer davantage. Certains diront que ces ententes ne valent pas plus que le papier sur lequel elles sont rédigées. Je ne partage pas cette vision des choses.

En effet, dans chaque entente que nous signons - et la dernière en date le fut, il y a deux semaines, avec la State University of New-York qui compte 64 campus et plus de 400 000 étudiants - donc, dans chaque entente que nous signons, nous identifions un responsable de l'application de l'entente, et nous nous obligeons à une réunion annuelle au plus haut niveau. Cette rencontre est fort utile, croyez-moi, car elle permet de faire le point sur les progrès de l'année écoulée, et de planifier l'année à venir. Au fond, elle nous interdit d'oublier notre partenariat.

Ici, en Beauce, bien sûr, le Conseil d'administration du CUA se réunit régulièrement pour décider des dossiers pertinents qui lui sont présentés, et l'Université Laval est présente sur ce conseil. Mais je crois qu'il nous manque une rencontre annuelle au plus haut niveau entre la direction de l'Université Laval et les principaux responsables de la région. Je vous propose donc que nous nous engagions à tenir une telle rencontre au moins une fois l'an pour faire le point sur notre collaboration. J'ai le net sentiment que l'Université Laval doit être davantage à votre écoute et ce, de façon permanente.

Si la région le souhaite, nous pourrions même convenir, au-delà du protocole de 1991 qui a mené à la création du CUA, d'une entente écrite de collaboration entre l'Université Laval et votre région, pour donner un caractère un peu plus officiel et contraignant à l'examen périodique de notre coopération prise dans son ensemble. Cela, c'était mon premier point.

En second lieu, j'ai relu attentivement le mémoire que le CUA a présenté à la Commission parlementaire de l'éducation qui étudiait cet hiver la qualité, l'accessibilité et le financement des universités. Ce que le mémoire illustrait très clairement, c'est la difficulté d'obtenir, dans des régions comme celle-ci, des cohortes étudiantes en nombre suffisant, et la difficulté créée par un financement gouvernemental qui ne tient pas compte de cette réalité régionale.

Dans cette perspective, je suis heureux de vous dire que l'Université Laval va appuyer la recommandation du mémoire du CUA à l'effet d'accroître le niveau de financement associé aux inscriptions étudiantes dans les cours offerts dans les régions périphériques. De plus, l'Université Laval va également appuyer le CUA dans sa demande d'actualiser l'allocation annuelle de fonctionnement qui est toujours à son niveau de 1991, soit 150 000 $. Je sais qu'en 2003-2004, un 50 000 $ additionnel a été consenti par le Ministère, mais cette somme est ponctuelle, et rien ne garantit qu'elle sera là pour les années subséquentes.

Si le gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, veut soutenir efficacement les régions du Québec et inciter les jeunes à y demeurer et à y faire carrière, il me semble qu'une des premières mesures consisterait à supporter comme il se doit les institutions d'enseignement, notamment au niveau collégial et universitaire.

Enfin, il y a un dernier point qui relève plus de votre volonté, et qui est lié à l'accueil des stagiaires chez vous. J'ai dit tantôt que les stages en sciences infirmières seront notablement accrus dans la région à compter de 2005. J'ai aussi annoncé que l'entente à venir avec votre Centre hospitalier attirera davantage de futurs professionnels de la santé par ici. C'est une bonne nouvelle pour la région, mais en même temps, cela pose problème pour les étudiants stagiaires, qui doivent se trouver à loger ici.

Beaucoup d'entre eux ont déjà un logement près de l'Université, et si le stage ne dure qu'une couple de mois, cela représente une charge financière additionnelle pour ces personnes. Il serait intéressant que, en collaboration avec les responsables de stages, vous trouviez des façons d'accueillir ces stagiaires dans votre milieu et de les loger à un prix abordable. Gardez en mémoire le fait que, parmi ces stagiaires, certains viendront vivre quelques semaines ou quelques mois dans votre région pour la première fois. Vous savez, le truc de " La Grande Séduction ", ce n'est pas seulement réservé à la basse Côte-Nord…

Je conclus. Plus ouverte, plus internationale, plus audacieuse et plus novatrice que jamais, l'Université Laval réaffirme ici, ce midi, sa volonté de demeurer la complice active du développement social, économique et culturel des régions de la Beauce et de l'Amiante. Elle désire renforcer avec votre région un lien qui est déjà très fort, et elle veut le faire en se mettant davantage à votre écoute.

Dans les orientations stratégiques que nous nous sommes données l'automne dernier, nous avons mis en évidence qu'une des valeurs importantes à l'Université Laval était son attention constante aux besoins de la société. L'Université Laval est animée d'un désir profond de collaborer et de répondre aux besoins de la société. Cette valeur signifie donc que l'Université Laval est enracinée dans son milieu, qu'elle est à l'écoute de ses besoins et qu'elle interagit avec lui. Cela vaut pour la région de Québec. Cela vaut aussi pour la Beauce.

Je vous remercie.

 
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