ALLOCUTION DE M. FRANÇOIS TAVENAS, RECTEUR DE L'UNIVERSITÉ LAVAL, À L'OCCASION DE LA COLLATION DES GRADES DES FACULTÉS DE FORESTERIE ET GÉOMATIQUE ET DES SCIENCES DE L'AGRICULTURE ET DE L'ALIMENTATION, LE DIMANCHE 9 JUIN 2002, À 10 H 30,
AU STADE COUVERT DU PEPS.

Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur le Récipiendaire d'un doctorat d'honneur,
Monsieur le Professeur émérite,
Distingués invités,
Chers collègues,
Chers diplômés,

C'est un grand plaisir pour moi d'accueillir les finissantes et finissants de la promotion 2002. Pour le recteur, c'est en effet un moment privilégié, car cette cérémonie marque l'accomplissement de la mission de l'Université dans ce qu'elle a de plus noble : la formation de professionnels compétents et de citoyens engagés au service de la société. Pour vous tous, chers diplômés, cette cérémonie mémorable permet de célébrer la fin d'une des étapes les plus importantes de votre vie.

Certains d'entre vous continueront leurs études aux cycles supérieurs. Je vous encourage à le faire. La recherche dans vos domaines disciplinaires connaît une croissance fulgurante dans la foulée des développements du génie génétique et dans la recherche d'un équilibre toujours fragile entre l'exploitation et la protection des richesses de la nature. La formation en recherche vous ouvrira également toutes grandes les portes du milieu de la biotechnologie qui constitue aujourd'hui le cœur de l'économie du savoir. Dans vos deux facultés, plusieurs groupes de recherche reconnus à l'échelle internationale accueillent des étudiantes et des étudiants à la maîtrise et au doctorat : le Centre de recherche en biologie forestière, le Centre de recherche en biologie de la reproduction, le Centre de recherche en économie agroalimentaire, Centre de recherche en géomatique, le Centre de recherche en horticulture et le Centre de recherche en sciences et technologie du lait, l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels et l'Institut sur l'environnement rural et forestier.

Pour ceux et celles d'entre vous, la majorité je crois, qui souhaitent amorcer une vie professionnelle et prendre dès maintenant dans la société la place qui convient à leurs aspirations et à leur formation, je ne vais pas me priver du plaisir de souligner que vous avez choisi des disciplines où, dans l'ensemble, les diplômés s'intègrent bien au marché du travail. On constate même une pénurie de main-d'œuvre dans certains domaines comme la géomatique, pour répondre aux besoins d'un secteur en expansion rapide ici et surtout sur les marchés internationaux.

Où que vous amène votre formation, dans un pays étranger ou ici, les défis seront nombreux, car vous avez choisi des disciplines qui jouent un rôle primordial dans la société. Par votre compétence, par vos décisions, vous aiderez à régler les grandes questions qui touchent toute la planète : développement de nouveaux produits à valeur ajoutée, ces nutraceutiques qui font tant parler ici et ailleurs dans le monde, développement durable des forêts, protection de la qualité des sols et des eaux souterraines, mais aussi, dans notre société qu'on dit industrialisée et développée, sécurité alimentaire et lutte contre la famine, qui touchent des groupes de population beaucoup trop nombreux. Vous aurez à vous pencher sur des questions d'éthique, à participer à des débats comme ceux qui portent actuellement sur le clonage d'animaux ou sur les organismes génétiquement modifiés. La question de la privatisation de l'eau, tout comme celle des méthodes d'exploitation forestière, prennent de l'ampleur en raison, bien sûr, de la diminution des réserves de la planète. Vous êtes bien équipés pour contribuer à tous ces débats de société, en faisant appel à vos connaissances, mais aussi à votre sens critique et à votre souci de la qualité de l'information et de la rigueur de l'analyse pour éviter de tomber dans les pièges de la facilité et d'une certaine démagogie si bien dénoncée par Bjørn Lomborg, dans son ouvrage intitulé The Skeptical Environmentalist.

De plus, vous vivrez dans un monde dont le trait caractéristique sera sans contredit le changement. Vos parents et grands-parents ont peut-être travaillé au même endroit, pour le même employeur, dans les mêmes fonctions toute leur vie. Mais vous qui entrerez sur le marché du travail changerez sans doute de carrière, je dis bien "de carrière", et non pas seulement d'emploi. Habituez-vous au changement. Soyez-en vous-même l'auteur. Habituez-vous aussi à l'échec. Les gens les plus sûrs d'eux-mêmes et les plus capables dans notre monde ne sont pas ceux qui n'ont jamais connu d'échecs, mais ceux qui retombent sur leurs pieds rapidement, tirent les bonnes leçons de leurs échecs et foncent à nouveau. Ceux qui évitent habilement l'échec ne prennent jamais de risques et ne réalisent finalement pas grand-chose. Vous devez être capables de vous adapter à des résultats différents de ceux que vous attendiez.

Ce qui nous sert d'ancrage dans une mer de changements, ce sont les valeurs que nous avons acquises. Et si vous êtes ici aujourd'hui, c'est que vous en possédez déjà de solides : pour réussir vos études, il vous a fallu de la détermination, de la persévérance; il vous a fallu le souci du travail bien fait; il vous a fallu de la rigueur dans l'analyse des faits comme dans le choix de vos priorités. Rappelez-vous combien de fois vous avez dû sacrifier une soirée au cinéma ou avec des amis pour terminer un travail long. Il vous a fallu de la curiosité pour souvent aller plus loin que la matière du cours. Ce sont ces mêmes valeurs qui vous guideront dans votre vie professionnelle.

Pendant votre passage à l'Université, nous avons essayé d'exploiter l'énorme réservoir de ressources intellectuelles de nos professeurs pour vous préparer à affronter les problèmes croissants auxquels notre société est confrontée. Nous vous avons fixé des standards élevés et vous avez réussi à les atteindre. Vous êtes devenus des experts dans votre domaine. J'espère que vous saurez aussi mobiliser vos qualités personnelles, votre sens de l'éthique et des responsabilités sociales, pour devenir des citoyens engagés au service de la société.

Maintenir l'excellence des programmes de formation et des travaux de recherche est notre plus grande préoccupation. C'est ce degré d'excellence que l'Université veut mettre en valeur chez un professeur de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation en lui décernant aujourd'hui le titre de professeur émérite. Permettez-moi de vous le présenter brièvement.

Claude André St-Pierre amorce une carrière de professeur à la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation en 1975, où son expérience et son dévouement ont marqué et marquent toujours le domaine de l'agronomie tant au Québec qu'à l'étranger.

Titulaire de cinq brevets sur des cultivars de blé, d'orge et de seigle, Claude André St-Pierre permet ainsi aux producteurs de céréales de profiter d'une biodiversité génétique nouvelle, adaptée et améliorée.

Le professeur St-Pierre est l'auteur de neuf ouvrages et d'une centaine de publications dans des revues spécialisées, et il a présenté autant de communications dans des rencontres scientifiques. Reconnu pour son engagement dans le milieu, M. St-Pierre participe à différents comités tant à l'Université qu'au sein d'organismes professionnels. Il a mis ses connaissances au service de l'Université des réseaux d'expression française (UREF) lors de différents projets de recherche liés à l'enseignement de la phytogénétique et à la culture des céréales. Animé d'un souci constant de la qualité de l'enseignement, il a produit quatre didacticiels destinés aux universitaires et sept vidéos d'enseignement ou de vulgarisation scientifique. Il a reçu plusieurs distinctions, dont le titre de Commandeur de l'Ordre du mérite agronomique décerné par l'Ordre des agronomes du Québec.

Encore aujourd'hui, Claude André St-Pierre demeure actif et relève d'autres défis. En effet, en collaboration avec le Service des archives de l'Université Laval, il met sur pied un vaste programme visant à colliger et recenser les fonds d'archives d'agronomes et de professeurs d'agriculture québécois. Toujours fasciné par la jeunesse, il participe à des ateliers d'initiation aux sciences de la nature à la Maison des grands-parents de Sainte-Foy.

Au nom de l'Université, en mon nom personnel, mais surtout au nom de tous les étudiants et les étudiantes qui ont bénéficié de sa compétence, je félicite le professeur Claude André St-Pierre et le remercie sincèrement pour son dévouement envers sa faculté et son université.

Chers diplômés, voilà un modèle dont vous pouvez vous inspirer. N'oubliez pas que ce professeur a commencé par recevoir un diplôme, comme vous aujourd'hui.

L'Université Laval décerne aujourd'hui également un doctorat honorifique ès sciences à M. Raymond Royer, président et chef de la direction de Domtar inc. M. Denis Brière, doyen de la Faculté de foresterie et de géomatique, présentera dans quelques minutes cet éminent homme d'affaires que l'Université se réjouit d'accueillir parmi ses diplômés.

Il est temps de clore ce discours, car je crois sentir votre impatience de tenir enfin le diplôme que vous méritez. Chers diplômés, je vous offre mes sincères félicitations pour cette réussite remarquable. J'associe à cet hommage tous ceux et celles qui vous ont appuyés dans votre cheminement et qui participent aujourd'hui à votre succès: vos parents, votre conjoint, vos amis et, bien sûr, vos professeurs et tout le personnel de l'Université. Ce sont eux qui ont facilité cette étape de votre vie et qui ont fait de l'Université Laval un milieu d'apprentissage stimulant.

Une cérémonie de cette envergure nécessite, vous vous en doutez bien, une organisation sans faille. Je tiens à remercier le personnel du Bureau du secrétaire général, en particulier celui de la section des diplômes, ainsi que le personnel du Service des communications, pour leur dévouement au cours des dernières semaines. C'est grâce à toutes ces personnes que cette célébration peut se dérouler à la perfection et rester dans votre mémoire comme une grande fête.

Je vous souhaite un avenir heureux et rempli de succès au service de vos concitoyens et de toute la société, dans le respect de la planète terre qui nous porte et nous nourrit. Et pour conclure, j'emprunte une expression de l'Honorable Raymond Chrétien, récipiendaire d'un doctorat honorifique de l'Université Laval l'an dernier : "Allez, le monde vous attend."

Je vous remercie de votre attention.