entete Université Laval

ALLOCUTION PRONONCÉE PAR MONSIEUR FRANÇOIS TAVENAS, RECTEUR DE L'UNIVERSITÉ LAVAL, À L'OCCASION DE LA COLLATION DES GRADES DE LA FACULTÉ D'AMÉNAGEMENT, D'ARCHITECTURE ET DES ARTS VISUELS, DE LA FACULTÉ DES LETTRES ET DE LA FACULTÉ DE MUSIQUE,
LE DIMANCHE 17 JUIN 2001, À 16 H,
AU STADE COUVERT DU PEPS DE L'UNIVERSITÉ LAVAL

Monsieur le Secrétaire général,
Madame et Monsieur les Récipiendaires d'un doctorat honorifique,
Messieurs les Professeurs émérites,
Distingués invités,
Chers collègues,
Chers diplômés,

C'est avec un immense plaisir que je vous accueille en si grand nombre pour célébrer ensemble l'accomplissement de la mission universitaire dans ce qu'elle a de plus noble : la formation d'une jeunesse prête à assumer la relève. Je m'empresse de féliciter sincèrement tous ceux et celles qui recevront leur diplôme aujourd'hui. J'espère que, comme moi, vous voyez cette cérémonie comme un moment heureux, un moment tant attendu où vous pouvez vous dire : "Enfin, je suis prêt à entrer dans la vie active!" Vous vous êtes fixé un idéal élevé. Vous avez fait preuve de détermination, d'intelligence, de ténacité. Vous récoltez aujourd'hui le fruit de ces efforts soutenus. Les longues heures d'étude sont choses du passé et, dans quelques instants, vous aurez en main la preuve de votre réussite.

Le diplôme que vous allez recevoir est garant de l'excellente formation que vous avez acquise à l'Université Laval. Il sera reconnu partout dans le monde. D'ailleurs, le monde est un mot qu'on emploie de plus en plus souvent à l'Université Laval depuis quelques années. Notre université se situe en effet à l'avant-garde des universités québécoises et canadiennes pour l'internationalisation des programmes. Une action vigoureuse a été entreprise en ce sens dans la foulée de la reconfiguration des programmes qui a permis d'offrir une formation plus polyvalente. L'Université Laval a répondu ainsi à une demande sociale réelle, entre autres des organismes et entreprises qui avaient besoin de personnel capable de travailler dans d'autres pays. Pour concrétiser cette orientation, l'Université a noué des alliances avec des universités étrangères choisies pour la qualité de leurs programmes et leur intérêt à organiser des échanges d'étudiants. Dans le cadre de ces ententes, plusieurs d'entre vous ont fait un séjour d'études ou un stage à l'étranger et votre formation en a été enrichie d'autant. Au cours de la dernière fin de semaine, nous avons remis, à la collation des grades des sciences de la santé, les premiers diplômes portant la mention "profil international" et hier, des diplômés du baccalauréat en administration des affaires et du baccalauréat en droit ont vu inscrite en toutes lettres la mention "profil international" sur leur parchemin. Pour les finissants, ce diplôme sera un atout supplémentaire pour conquérir le marché du travail. Pour l'employeur qui prendra connaissance d'un diplôme ainsi qualifié, cela signifie que la ou le titulaire pourra intervenir sur la scène internationale, ayant acquis une connaissance fonctionnelle d'une deuxième langue et effectué un stage ou poursuivi une partie de ses études dans un pays étranger.

Au cours des prochaines années, tous nos programmes seront progressivement imprégnés de cette couleur internationale, dont j'espère bien qu'elle deviendra la marque de commerce de l'Université Laval. Nous pensons qu'en adoptant ce cheminement, nos diplômés seront mieux armés pour relever les défis qui les attendent dans leur vie professionnelle.

Certains d'entre vous continueront leurs études aux cycles supérieurs, et vous aurez pris une bonne décision. La recherche et la création dans vos domaines disciplinaires connaissent un développement important. À une époque de technologie conquérante, l'approfondissement de la réflexion artistique et culturelle constitue un contrepoids nécessaire au maintien de l'équilibre dont les individus et les sociétés ont besoin pour vivre en harmonie avec les autres et avec eux-mêmes. Si nous n'y prenons garde, nous risquons de voir les identités culturelles s'estomper; nous risquons surtout de perdre cette diversité des idées, des expressions artistiques, cette créativité, cet espace de rêve et de plaisir qui a fait jusqu'ici la richesse de l'humanité. La recherche et la création dans les domaines des arts et des lettres sont, sans aucun doute, les meilleurs agents de protection de cette richesse. De ce point de vue, l'Université Laval possède une longue tradition marquée au sceau de l'interdisciplinarité, et plusieurs chaires et centres de recherche regroupent des professeurs qui, par leurs travaux, participent au développement de la pensée universelle, à l'affirmation de notre identité culturelle, à la préservation de notre patrimoine, tout en contribuant à la formation des étudiants de deuxième et de troisième cycle. Les études supérieures vous permettront par ailleurs de développer vos aptitudes à l'analyse de situations complexes, votre sens critique, votre capacité de prendre des décisions éclairées, toutes choses importantes pour vous assurer une carrière professionnelle réussie.

Je voudrais m'adresser maintenant à ceux et celles d'entre vous, la majorité je crois, qui souhaitez amorcer une vie professionnelle et prendre dans la société la place qui convient à vos aspirations et à votre formation. Certains croient que, dans l'économie du savoir, les besoins en main-d'œuvre se concentrent en sciences et en génie, par exemple, en informatique et en biotechnologie. Il s'agit là d'une conception bien réductrice de l'économie du savoir. Les organismes et entreprises embauchent bien sûr des spécialistes dans ces domaines d'activité, mais ils ont également besoin de personnel ayant un profil que j'appellerais "créatif". Concepteurs, scénaristes, rédacteurs, historiens, musiciens, sont ainsi appelés à jouer un rôle crucial dans cette nouvelle économie, grâce à leur connaissance et à leur maîtrise des mots, des sons et des images.

Je crois donc que les titulaires d'un diplôme en lettres ou en arts trouveront de plus en plus d'emplois intéressants à occuper en raison entre autres des habiletés associées à leur diplôme : capacité d'analyser, d'interpréter, de synthétiser, de communiquer, de créer, des compétences qui sont en fait des outils pour travailler intellectuellement et apporter une contribution sociale précieuse pendant toute une vie. D'ailleurs, le rapport Allen, publié en 1999, indique bien que les diplômés en "humanités" trouvent de plus en plus facilement un emploi bien rémunéré et qu'une forte proportion d'entre eux occupent une profession libérale ou un poste de gestion.

Vous vivrez dans un monde dont le trait caractéristique sera sans contredit le changement. Il faudra donc que vous soyez prêts à l'adaptation continue, adaptation aux nouvelles connaissances, aux nouvelles technologies, aux nouvelles méthodes de travail, adaptation aussi aux nouvelles préoccupations sociales, au contexte économique changeant. Songez, par exemple, à la numérisation qui offre un accès sans précédent à des données, à des textes, à des manuscrits et à des archives, supprimant les obstacles à la collaboration à distance, favorisant des partenariats inattendus et novateurs. Pensons seulement de quelle façon le travail de l'historien et du géographe a changé depuis l'avènement des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Mais je ne suis pas inquiet quant à votre capacité d'adaptation, car vous avez reçu une excellente formation. Vous avez entre autres acquis une chose précieuse, peut-être la plus précieuse : vous avez appris à apprendre.

Réciproquement, nous comptons sur vous pour nous faire part, dans les années à venir, des changements qui toucheront votre profession pour que nous puissions adapter nos programmes de formation. C'est à cette seule condition que l'Université pourra maintenir le niveau d'excellence sur lequel repose sa réputation.

Présentation des professeurs émérites

Maintenir l'excellence de la formation et de la recherche est en effet notre plus grande préoccupation. Et c'est ce degré d'excellence que l'Université veut mettre en valeur chez quatre professeurs en leur décernant aujourd'hui le titre de professeur émérite. Permettez-moi de vous les présenter sans tarder.

Professeur à la Faculté d'aménagement, d'architecture et des arts visuels, Peter Brooke Clibbon compte parmi les bâtisseurs du programme d'aménagement du territoire et de développement régional de l'Université Laval. Reconnu internationalement comme géographe, il est l'auteur de plus de 57 ouvrages et articles scientifiques, publiés notamment dans Encyclopedia Americana et dans Atlas of North America: space age portrait of a continent. Homme de terrain, il parcourt le Québec, le Yukon et plusieurs pays du monde pour effectuer ses recherches sur les bases biophysiques de l'aménagement du territoire et de l'aménagement de l'eau, sur les problèmes d'aménagement en milieux ruraux, périurbains et récréatifs ainsi que sur la géographie du Québec et du Canada. Tout en se consacrant à la formation des étudiants aux cycles supérieurs, Peter Brooke Clibbon dirige tour à tour les destinées du Laboratoire d'utilisation du sol, du Laboratoire de géographie physique et du Centre de recherche en aménagement et développement. Par sa rigueur intellectuelle, par les hauts standards en matière d'enseignement et de recherche qu'il transmet à ses étudiants, il mérite sans contredit l'honneur d'être le premier professeur émérite de la Faculté d'aménagement, d'architecture et des arts visuels. Merci, Peter Clibbon.

Professeur au Département des littératures pendant 20 ans, André Gaulin voue sa carrière non seulement à l'enseignement de la littérature québécoise, mais aussi à l'évolution sociale et au bien-être de ses concitoyens. Député de la circonscription électorale de Taschereau à l'Assemblée nationale, de 1994 à 1998, il joue en effet un rôle de premier plan dans la mise sur pied de la Commission de la capitale nationale. Tout au long de sa carrière politique, il n'interrompt cependant jamais son engagement dans le domaine littéraire, rédigeant de multiples articles, comptes rendus et études critiques dans des périodiques et dans le Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, dont il devient l'un des coresponsables. Son amour indéfectible de la langue française le mène à s'engager activement dans des organismes voués à cette cause, tels que l'Association québécoise des professeurs de français, la Fédération internationale des professeurs de français et la revue Québec français dont il est le fondateur. André Gaulin est récipiendaire de l'Ordre des Palmes académiques de France, de la Médaille Albert-Ludwig d'Allemagne et de l'Ordre des Francophones d'Amérique. Merci, André Gaulin.

Le rôle joué par Fernando Lambert dans la mise en place et l'avancement des études sur l'Afrique francophone vaut à notre Département des littératures la réputation de chef de file dans ce domaine particulier. Adepte avant la lettre de l'enseignement électronique, Fernando Lambert donne le premier cours radiophonique sur les littératures négro-africaines, puis le premier cours télévisé. Il produit aussi une série de 13 films sur la littérature négro-africaine d'expression française et trois films sur l'enracinement dans la poésie de Léopold Sédar Senghor. Dès son arrivée à l'Université Laval, en 1970, il assume des fonctions administratives à la Faculté des lettres, où il devient notamment vice-doyen aux études, puis vice-doyen aux études des deuxième et troisième cycles et à la recherche. Il porte également une attention particulière à l'encadrement des chercheurs de sa faculté et à la naissance d'un nouveau centre de recherche: le Centre interuniversitaire d'études québécoises. L'an dernier, des collègues d'universités africaines profitent de la tenue du Colloque international de littérature pour rendre à Fernando Lambert un hommage public, soulignant sa compétence de chercheur et de professeur en littératures africaines ainsi que sa participation à la formation des Africains et au développement des études africaines. Merci, M. Lambert.

De l'avis unanime de ses collègues et des nombreux étudiants qu'il a formés, Yves Roby est assurément l'un des piliers du Département d'histoire de l'Université Laval et un modèle de professeur d'université qui s'engage activement dans tous les aspects de la carrière universitaire. Professeur à Laval depuis 1965, il fait de l'étude des Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre son champ principal de spécialisation, permettant ainsi l'implantation et le développement à l'Université Laval d'un nouveau domaine d'études, jusque-là quasi occulté des manuels d'histoire. Les travaux d'Yves Roby sur le Québec des XIXe et XXe siècles sont abondamment cités et certains de ses ouvrages, tels que l'Histoire économique du Québec (écrit en collaboration avec Jean Hamelin) et Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre, sont respectivement couronnés du prix du Gouverneur général du Canada en 1972, et du prix Champlain en 1992. Le premier de ces livres figure, en 1990, au palmarès des dix meilleurs ouvrages en sciences sociales écrits en français. Reconnu comme vulgarisateur hors pair, soucieux de mettre constamment à jour son enseignement, Yves Roby obtient, en 1996, la Médaille J.B. Tyrrell de la Société royale du Canada et, l'année suivante, la prestigieuse bourse Killam. Merci, Yves Roby.

Au nom de l'Université, en mon nom personnel, mais surtout au nom de tous les étudiants et les étudiantes qui ont bénéficié de votre compétence, je veux vous féliciter, Messieurs Clibbon, Gaulin, Lambert et Roby, et vous remercier sincèrement pour votre dévouement envers votre faculté et votre université. Chers diplômés, voilà un modèle dont vous pouvez vous inspirer. N'oubliez pas que ces professeurs ont commencé par recevoir un diplôme, comme vous aujourd'hui. Suivez leurs traces sans hésiter.

L'Université Laval décerne aujourd'hui également un doctorat d'honneur ès lettres à Mme Michèle Gendreau-Massaloux, spécialiste des études hispaniques et rectrice de l'Agence universitaire de la Francophonie, et un doctorat d'honneur en musique à M. Yoav Talmi, directeur musical et chef de l'Orchestre symphonique de Québec. M. Bogumil Koss, professeur au Département d'histoire de la Faculté des lettres, et M. Raymond Ringuette, doyen de la Faculté de musique, présenteront dans quelques instants ces deux personnalités remarquables que l'Université Laval se réjouit d'accueillir parmi ses membres éminents.

Il est temps de clore ce discours, car je crois sentir votre impatience de tenir enfin le diplôme que vous méritez. Chers diplômés, je vous offre mes sincères félicitations pour cette réussite remarquable. J'associe à cet hommage tous ceux et celles qui vous ont appuyés dans votre cheminement et qui participent aujourd'hui à votre succès: vos parents, votre conjoint, vos amis et, bien sûr, vos professeurs et tout le personnel de l'Université. Ce sont eux qui, par leur compétence et leur engagement professionnel, ont facilité cette étape de votre vie et qui ont fait de l'Université Laval un milieu d'apprentissage stimulant.

Une cérémonie de cette envergure nécessite, vous vous en doutez bien, une organisation parfaite. Je tiens à remercier le personnel du Bureau du secrétaire général, en particulier celui de la section des diplômes, ainsi que le personnel du Service des communications, pour leur dévouement au cours des dernières semaines. C'est grâce à toutes ces personnes que cette célébration peut se dérouler à la perfection et rester dans votre mémoire comme une grande fête.

Je vous souhaite un avenir heureux et rempli de succès au service des arts et des lettres, au service de la culture sans laquelle vos concitoyens et toute la société ne sauraient se développer et se situer dans un monde de plus en plus complexe et, pour reprendre le beau conseil donné hier à vos collègues des sciences sociales par M. l'ambassadeur Raymond Chrétien : "Allez, le monde vous attend ! Faites l'histoire !"

 
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